La seconde boîte noire a enregistré un signal sonore inintelligible qui nécessite de plus amples investigations de la part de plus grands experts. Le mystère reste entier, au jour d'aujourd'hui, concernant l'avion espagnol SwiftAir, affrété par la compagnie nationale Air Algérie, qui s'est crashé le 24 juillet dernier alors qu'il devait relier Ouagadougou à Alger. L'enquête menée par le Bureau français d'enquêtes et analyses (BEA) semble se heurter à des difficultés d'ordre technique avec des enregistrements qui, jusque-là, ne font pas vraiment avancer les choses, et ce, en raison du dysfonctionnement de la seconde boîte noire. "Malheureusement, les enregistrements se révèlent à ce jour inexploitables en raison vraisemblablement d'un défaut de fonctionnement sans lien avec les dommages résultant de l'accident", a affirmé, jeudi, Rémi Jouty, directeur du BEA, lors d'une conférence de presse durant laquelle il a présenté les premiers résultats de l'enquête sur les circonstances du crash. "L'appareil, un McDonnell Douglas MD83, qui devait relier Ouagadougou à Alger, a été pulvérisé à son impact au sol après avoir perdu de la vitesse et viré à gauche pour une raison encore indéterminée alors qu'il traversait une zone orageuse", a-t-il précisé. En somme, la seconde boîte noire a enregistré un signal sonore inintelligible et nécessite de plus amples investigations de la part de plus grands spécialistes. D'après le dernier point d'enregistrement, l'avion volait à une altitude de 1 600 pieds (490 mètres), à une vitesse "extrêmement importante" de 740 km/h. Puis il s'est écrasé. "On peut imaginer qu'il se soit passé une seconde entre ce dernier point d'enregistrement et l'impact au sol", conclut Rémi Jouty. La première boîte noire, Flight Data Recorder (FDR), aura, en définitive, permis de voir plus clair dans la trajectoire de l'appareil. La seconde, en revanche, s'avère plus difficile à analyser. L'enregistreur Cockpit Voice Recorder (CVR) a été abîmé par l'impact, et la bande magnétique qu'il abritait et qui enregistrait les conversations de l'équipage est, elle aussi, "un petit peu endommagée". Rémi Jouty reste donc très prudent quant à l'origine et la résolution de ce problème. S'il assure que le BEA s'est tourné "vers les meilleurs experts pour espérer sortir des informations", il prévient qu'il est "encore trop tôt pour savoir s'il reste un espoir de pouvoir exploiter la bande". N'Faly Cisse, pour sa part, en sa qualité de président de la commission d'enquête sur les accidents et incidents de l'aviation civile du Mali, a déclaré qu'"il est prévu de remplacer les enregistreurs à bande magnétique par des enregistreurs digitaux". En attendant, l'enquête poursuit son cours, et un rapport de mi-étape devrait être présenté mi-septembre et permettre "davantage de compréhension". Forte probabilité d'identifier toutes les victimes Dès son retour, mercredi dernier, sur le sol français, le chef de la mission d'enquête judiciaire sur l'accident du vol AH 5017 d'Air Algérie au Mali a estimé qu'il y avait une "forte probabilité d'identifier" toutes les victimes du crash grâce aux prélèvements retrouvés sur les lieux du drame. "Nous avons procédé à un peu plus de 1 000 prélèvements. Scientifiquement, nous avons une forte probabilité d'identifier toutes les personnes." Et de préciser : "Nous sommes persuadés, au vu de la nature du choc, qu'ils n'ont pas pu souffrir un seul instant." Il expliquera, en outre, pour étayer ses propos, que "l'avion est tombé à une très grande vitesse verticale, parce qu'il s'est littéralement pulvérisé. Le choc a été quasi instantané", a rapporté le colonel Touron. "On se rend compte à la nature des dégâts, parce que l'avion est polyfragmenté, que les passagers ont dû subir le même sort", a poursuivi le militaire, qui a évoqué la "grande tristesse ressentie" par les enquêteurs lors de leur travail de recherche. N. S. Nom Adresse email