Amar Sghir, chanteur-compositeur, a commencé la chanson en 1960, à l'âge 17 ans. Il a réalisé plusieurs 45 tours et a connu de grands noms, tel El Hadj M'hamed El Anka avec qui il perfectionna la mandoline. Il a également fait des tournées avec d'autres vedettes des chansons algériennes telles qu'Ahmed Wahbi et Blaoui El houari. Il arrêté la chanson en 1976, après le décès de sa mère et suite à des raisons de santé. Il évoque ici une partie de son parcours artistique lors de l'hommage que les siens lui ont rendu le week-end dernier. Liberté : Pourriez-vous vous présenter pour ceux qui vous découvriront pour la première fois, notamment la nouvelle génération ? Amar Sghir : Je m'appelle Outoudert Amar, né le 27 septembre 1943 au village de Tala n'Tazart, aârch des Ath Boudrar, à 45 km de la wilaya de Tizi Ouzou. Très tôt, j'étais passionné de la chanson kabyle et du chant patriotique que je fredonnais dans ma tendre enfance. Comment êtes-vous venu au monde de la chanson ? En 1960, l'artiste Kamal Hamadi me présenta Cheikh Nordine, un monument de la chanson et de la culture radiophonique ; celui-ci apprécia mes dons et prestations de chanteur et m'engagea sans hésiter comme chanteur amateur dans la radio kabyle, Chaîne II. Et là, le chef d'orchestre, Mohamed Medjdoub, me suggéra d'écrire des textes (chansons) en composant lui-même la musique. Je baignais dans cet univers. Rien n'est acquis sans contraintes pour un jeune dans un environnement où l'artiste était mal vu et l'art est considéré comme tabou... Il fallait faire avec. Il faut dire que le chant m'habite, "Izedghiyi chna", et cet art coule dans mes veines. J'ai pu alors composer 12 chansons qu'on avait admises à la Société d'auteurs compositeurs et éditeurs de musique (Sacem), genre ONDA aujourd'hui, en tant qu'auteur. Cheikh Nordine me proposa même un duo avec Louiza, une ancienne chanteuse. J'enregistre en tout pas moins d'une trentaine de chansons uniquement pour la radio Chaîne II ; je suis passé très vite du statut de chanteur amateur à celui de professionnel, ayant à mon actif une douzaine de disques 45 tours sortis en France et en Algérie. Comment évaluez-vous la situation de la chanson et de l'artiste aujourd'hui ? La nouvelle génération est beaucoup plus fleurissante et les artistes ont plus de moyens que nous. A l'époque, nous n'avions que les ondes de la Chaîne II où il fallait avoir un fil pour marquer sa présence. En ce temps-là, le cachet de l'artiste amateur valait 1000 francs et le cachet professionnel 3000 francs, ce qui égayait pas mal d'artistes ! Les temps ont changé, les valeurs aussi. Au fait, au mois de juin dernier, l'ONDA s'est rappelé de moi : on me verse 7200 DA des droits d'auteur ; alors peut-on dire l'espoir fait vivre ! Nom Adresse email