Si le kidnapping du touriste français Hervé Gourdel, enlevé dimanche soir par un groupe islamiste sur les hauteurs de Tikjda, continue de polariser l'actualité en Kabylie, il n'en demeure pas moins que le lieu du rapt suscite beaucoup d'interrogations et surtout de confusion dans l'esprit des gens. Et pour cause, un communiqué officiel du ministère de l'Intérieur a précisé que "des individus ont intercepté le 21 septembre 2014, à 21h, à hauteur du village d'Aït Ouabane (commune d'Akbil, wilaya de Tizi Ouzou), un véhicule ayant à son bord un groupe d'Algériens accompagnés du ressortissant français Gourdel Hervé Pierre" , tout en précisant dans le même communiqué que "les assaillants, après avoir libéré ses compagnons algériens et abandonné le véhicule sur les lieux, ont gardé le ressortissant français et pris la fuite vers une direction inconnue". S'il faut rappeler qu'Hervé Gourdel a passé la nuit de samedi à dimanche dans un chalet privé de Tikjda en compagnie de ses amis algériens pour effectuer durant la journée de dimanche une randonnée en voiture jusqu'au col de Tizi n'Kouilal suivie d'une ascension suicidaire du mont Lalla-Khadidja, sommet du Djurdjura culminant à 2 308 m et zone réputée dangereuse sur le plan sécuritaire, il faut bien convenir que le village d'Aït Ouabane se trouve à plus de 50 km de Tikjda et qu'il n'y a pas de route carrossable menant de Tikjda à Aït Ouabane. Une simple virée hier matin au village d'Aït Ouabane nous a renseignés sur le climat de confusion qui entoure cette affaire de rapt. "Vous n'êtes pas le premier journaliste qui a débarqué chez nous depuis lundi, mais je tiens à vous rassurer que la région est calme et qu'il n'y a eu aucun kidnapping dans la région", nous dira un cafetier, l'air apparemment irrité par une telle intrusion qui, en fait, n'était pas la première du genre. Il est vrai que de nombreux journalistes de la presse parlée et filmée ont assiégé la région, mais ils sont restés sur leur faim face à des citoyens visiblement étonnés par la tournure des événements au moment où des sources sécuritaires nous ont bel et bien confirmé que ce rapt n'a pas eu lieu dans la wilaya de Tizi Ouzou, mais plutôt dans la wilaya limitrophe de Bouira. "Nous n'avons pas de route carrossable qui mène de Tikjda à Aït Ouabane et je ne vois pas comment un véhicule, qui transportait le touriste français et ses amis algériens, a pu être intercepté à Aït Ouabane. C'est impossible !", nous dira un épicier de la région. En fait, la confusion vient certainement du fait qu'il existe un autre village kabyle dénommé, celui-là... Aït Oualbane dans la commune de Saharidj, relevant de la daïra de M'chedallah, dans la wilaya de Bouira, et qui est relié par route au col de Tizi n'Kouilal. Un villageois d'Aït Oualbane que nous avons contacté, hier après-midi, nous a affirmé que "les jeunes du village ont l'habitude d'organiser des randonnées vers le mont Lalla-Khadidja surtout en période estivale, mais ces derniers jours, ils auraient été accostés par de nombreux terroristes activant dans la région pour leur déconseiller des sorties hasardeuses dans cette région dangereuse et non sécurisée". Il faut rappeler, en outre, qu'un faux barrage dressé par des terroristes armés avait été signalé, samedi dernier, dans cette région de Haute-Kabylie. Il faut bien admettre que le touriste français et ses amis algériens ont fait preuve d'une grosse imprudence et que le lieu du rapt de dimanche dernier aura suscité une grande confusion quant aux deux flancs opposés du Djurdjura. Les citoyens s'émeuvent et s'interrogent sur le lieu du kidnapping : s'agit-il d'Aït Ouabane, du côté de Tizi Ouzou, ou d'Aït Oualbane, du côté de Bouira ? M. H.