Une semaine après le début des frappes aériennes contre Daech en Irak et en Syrie, un haut responsable militaire américain admet, au nom du Pentagone, que ce mouvement terroriste continue toujours de marquer des points sur le terrain et qu'il a même pris de nouveaux territoires. Il est toujours difficile de combattre le terrorisme lorsque, au nom d'une certaine acception de la géostratégie qui se résume stricto sensu à la préservation d'intérêts immédiats, on l'a laissé renforcer sa logistique, propager sa matrice idéologique et étendre ses tentacules pendant des années. Cela vaut pour les USA puisqu'ils sont les initiateurs de cette "réponse musclée" à l'offensive dévastatrice de Daech dont ils avaient sous-estimé la capacité de nuisance de l'aveu même de Barack Obama, mais cela vaut aussi pour l'Irak d'après 2003, c'est-à-dire l'Irak d'Al-Maliki qui croyait mieux asseoir son pouvoir en manipulant et en exploitant à fond le sentiment ethno-religieux, faisant des sunnites et des Kurdes des citoyens de seconde zone dans un pays qui ne rêvait que de démocratie et de liberté après les terribles années Saddam. Cet échec, maintenant qu'il est à demi-avoué, conforte d'ailleurs l'analyse d'un chroniqueur koweïtien, au demeurant largement partagée, qui, dans un article publié tout récemment sous le titre éloquent "Nous sommes tous Daech", touchait du doigt la responsabilité, voire la culpabilité du pouvoir en place à Bagdad. Mais pas seulement : la chronique, largement partagée sur facebook, mettait aussi en évidence aussi l'implication, réfléchie ou non, de tous les régimes de la région, dont ceux qui, aujourd'hui, participent à la guerre contre Daech, en mobilisant leur aviation militaire, en prenant en charge les coûts financiers de cette offensive ou seulement en plaidant pour son opportunité. Même si, de fait, elle était plus qu'opportune, car politiquement nécessaire et humainement urgente. Il y a, en définitive, une incohérence criante et désormais trop coûteuse entre le laxisme et quelquefois la complicité de l'Occident et de ses alliés du Maghreb et du Moyen-Orient, d'une part, et, d'autre part, leur capacité commune à s'effaroucher devant l'émergence de monstres tout en avouant leur impuissance à réparer les dégâts qu'ils auront ainsi causés.