La Suède vient de briser le règne de la pensée dominante qui a monopolisé les débats sur le conflit israélo-arabe, en général, et sur le dossier palestinien, en particulier, ces dix dernières années. En affirmant son intention de reconnaître l'Etat palestinien, Stockholm ne fait que remettre sur la table une équation vieille de plus de 60 ans : un Etat palestinien indépendant doit trouver sa place à côté de l'Etat d'Israël avec pour capitale El-Qods, ouvrant ainsi la voie à l'instauration d'une paix juste et durable au Moyen-Orient. L'esprit d'Oslo, qui avait permis, un certain septembre 1993, l'historique poignée de main Arafat-Rabin sur la pelouse de la Maison-Blanche, va-t-il renaître de ses cendres ? L'espoir est de mise. Lorsqu'un pays occidental évoque avec force la reconnaissance prochaine de l'Etat palestinien, soutenu à demi-mot par la France de François Hollande qui voudrait, sans doute, se réapproprier sa politique arabe perdue dans les errements et la compromission de la droite de Sarkozy avec le sionisme, il est fort à espérer un retour progressif vers un rééquilibrage de la position de la communauté internationale vis-à-vis d'un peuple qui veut recouvrer ses droits les plus élémentaires. Israël, bien évidemment, n'a pas apprécié. Depuis la violation par le sanguinaire Ariel Sharon de l'esplanade des mosquées en 2001 jusqu'à la guerre sans merci contre la population civile de Gaza en passant par la destruction d'une partie du Liban en 2006, Tel-Aviv poursuit une logique visant l'affaiblissement de toute résistance palestinienne, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur des territoires occupés depuis 1948. Du parti pris flagrant au profit d'Israël, l'administration américaine sous Barack Obama fera mieux. Et c'est au nom de la liberté et de la démocratie véhiculées par les révolutions dites du Printemps arabe que les Palestiniens se feront massacrer en toute impunité lorsqu'ils ne sont pas carrément accusés de "terrorisme" par Tel-Aviv. L'annonce de Stockholm fait forcément désordre dans la doctrine de guerre israélienne, mais libère désormais tous les partisans de la paix qui croient profondément que l'instauration d'un Etat palestinien indépendant est la seule garantie de survie pour Israël. En attendant, souhaitons que la voie suédoise soit entendue à... Bruxelles et à Washington.