Résumé : Fares tente de soutirer des renseignements à Nora. Il avait compris qu'elle vivait une situation qui la dépassait et l'attristait. Il lui proposera son aide, mais elle refuse de se confier à lui. Préoccupée par son état, elle préfère interrompre son dîner et remonter dans sa chambre. Le lendemain, elle se rendra chez un gynécologue pour avoir une idée sur son état. Elle hèle un taxi et lui demande de la déposer dans une clinique privée qui se trouvait à l'autre extrémité de la ville. Mme Claude lui avait parlé de cet établissement où elle se rendait pour ses traitements, et lui avait assuré que la discrétion et le professionnalisme y régnaient en maître. Nora se présente à la réception, où on lui demandera de remplir un formulaire avant de l'orienter vers le service de gynécologie. Une jeune femme en blouse blanche la reçoit avec le sourire. Nora se détendit instantanément. Le médecin lui pose des questions, et elle y répondit avec autant de franchise que le lui permettait sa situation. Elle révèle au médecin ses craintes d'être enceinte, et veut en avoir le cœur net. La gynécologue effectue quelques tests, et fait un prélèvement sanguin avant de procéder à une échographie utérine. À la fin de la consultation, elle déclare à Nora qu'elle sera bientôt une heureuse maman... Elle était à sa sixième semaine de grossesse. Devant le regard déçu de sa patiente, le médecin ne se gêne pas pour poser d'autres questions sur sa situation sociale, les raisons de ses craintes et le refus de cet enfant. Ne voulant pas remuer le couteau dans la plaie, Nora se contentera de répondre évasivement aux questions de la gynécologue, et lui déclare qu'elle était divorcée et n'avait pas les moyens d'élever seule son enfant. Et puis, elle n'avait jamais oublié de prendre sa pilule... Comment cela est-il arrivé ? Le médecin demande à voir la boîte de contraceptifs. Après avoir jeté un coup d'œil, elle s'exclame : -Vos pilules sont périmées madame... -Hein... Comment ? -Regardez les dates... Vous avez dépassé les délais de péremption de plusieurs mois. Nora se fige. Il est vrai que lorsqu'elle avait divorcé de Yazid, elle avait arrêté de prendre la pilule, et avait caché les boîtes au fond d'un tiroir, pour ne les reprendre que lorsqu'elle s'était remariée avec Achour. Six mois s'étaient donc écoulés, et elle n'avait pas eu le réflexe de vérifier les dates de péremption. Quelle idiote elle était ! Ayant déjà reçu d'autres cas similaires, la gynécologue la rassure. Un bébé est toujours un heureux événement, et à sa naissance, elle changera vite d'avis et ira jusqu'à se faire des reproches sur ses appréhensions. Tout rentrera dans l'ordre. Loin d'être soulagée par les assurances du médecin, Nora quitte la clinique et se dirige vers une pharmacie pour se faire servir l'ordonnance qu'on venait de lui délivrer. Elle avait rendez-vous avec sa gynécologue dans trois semaines. Elle revint chez Mme Claude pour constater que cette dernière s'était déjà réveillée et l'attendait. A la vue du sachet de médicaments qu'elle tenait, elle s'écrie : -Nora ! Vous êtes souffrante ? La jeune femme secoue la tête : -Non... Juste un peu fatiguée... Je... Je suis à vrai dire surmenée... Mme Claude incline sa tête pour mieux la voir : -Le surmenage est une fatigue nerveuse. Avec ce que vous avez vécu ces derniers temps, cela se comprend fort bien. Nora ne répondit pas. Elle dépose ses affaires et se rendit dans la cuisine pour préparer hâtivement un goûter et servir la vieille dame, qu'elle installe dans son fauteuil roulant, avant de le pousser sur le balcon. Elle dépose devant elle le thé et les petits gâteaux fourrés qu'elle prenait habituellement à cette heure de la journée. Mme Claude la regarde faire sans rien dire. Puis, comme poussée par une impulsion, elle tendit une main vers Nora et l'oblige à s'asseoir près d'elle avant de demander : -Pourquoi ne m'avez-vous rien dit ? -Sur quoi ? -Sur votre santé... Ce surmenage dont vous parlez ne doit pas dater d'hier... Ces derniers temps vous me paraissez un peu pâle et même boursouflée, mais je pensais que c'était le dépaysement... Enfin, je veux dire que vous avez quitté votre pays, et ensuite la ville où vous avez vécu quelques semaines avec votre mari, avant de venir ici. -Oui... Oui, c'est un peu ça, s'empresse de dire Nora, dont les mains tremblantes et les gestes nerveux n'échappèrent pas au regard de la vieille femme. -Voyons Nora... Nous sommes des amies maintenant...Vous devriez vous confier à moi... -Oui, bien sûr Mme Claude... Je... Je l'ai déjà fait... -Alors continuez...Vous me cachez encore des choses Nora. -Je vous assure que non... -Que si... (À suivre) Y. H.