Le débat sur le gaz de schiste semble être définitivement clos en Algérie et le ministre de l'Energie l'a clairement fait savoir, hier, à Oran. Le temps de l'hésitation est fini, a-t-il conclu. Au-delà de ce que peut en tirer l'Algérie comme avantage, l'exploitation du gaz et du pétrole non conventionnels d'ici à l'horizon 2022 supposera plus d'investissements en équipements et en technologie et donc, plus de budgets à injecter dans un secteur en récession depuis près de dix ans. Si le débat autour des répercussions sur l'environnement de l'exploitation du gaz de schiste ne s'est pas emballé, c'est peut-être parce que le niveau de conscience citoyenne n'est pas encore à la hauteur de ce genre d'enjeu, du moins pour le moment. Et faire le parallèle avec l'Europe reviendrait à comparer des systèmes politiques et sociaux très différents où l'orientation des intérêts n'est pas du tout la même. Dans le même temps, on est en droit de s'interroger sur l'empressement du gouvernement à aller vers l'exploitation de cette ressource alors que Sonatrach annonce régulièrement des découvertes importantes de gisements de pétrole. S'il est vrai que le souci d'assurer la couverture des besoins nationaux en approvisionnement énergétique est primordial pour les autorités publiques vu les projets de développement socioéconomique engagés dans le pays, il n'en demeure pas moins que cela ne justifie pas totalement l'option du gaz de schiste. La consistance du matelas financier (réserves en devises), l'absence de dettes extérieures et le niveau actuel du prix du baril constituent encore des atouts indéniables pour aller plutôt vers une économie alternative, compétitive et capable d'entrer en compétition dans le marché mondial. En revanche, opter pour le gaz de schiste, encore très aléatoire tant du point de vue de son exploration que de ses coûts, c'est prendre le risque d'épuiser des ressources énergétiques qu'on devrait laisser aux générations futures et maintenir pour toujours l'économie dans son extrême dépendance des hydrocarbures. Sortir du cercle infernal de l'import-import et réformer l'économie demeurent la seule option salvatrice. Ce qui ne semble pas être visiblement le choix fait par le gouvernement qui veut plus d'argent pour financer la paix sociale et se maintenir au pouvoir. n