Résumé : Nora s'était installée chez Mme Claude, en attendant de voir plus clair dans ses affaires. Elle est reconnaissante à la vieille dame de la soutenir dans ces moments fort délicats, bien qu'elle-même souffre de différentes maladies. Nora avait admiré son courage et son abnégation. Mme Claude acceptait son destin, sans plus. Elle se sentait parfois inutile dans ce monde... Nora avait beaucoup de peine pour elle. Cependant, il faut le reconnaître, la brave femme acceptait son destin et ne s'en plaignait pas trop. Elle dit avoir vécu ce qui était prévu pour elle, et ne demandait pas plus qu'un soulagement rapide à ses souffrances. Nora écrase une larme, avant de se diriger vers elle, un plateau entre les mains. Mme Claude lui sourit : -Hum... Cela sent vraiment bon... C'est quoi ? -Un petit plat de chez nous : une bonne chorba chaude... J'ai aussi préparé une salade et des grillades. -Alors mon enfant, faisons honneur à ce repas béni. -Heu... Oui... Je vais servir tout de suite... Elle dépose une assiette fumante devant la vieille femme, et pousse vers elle la corbeille de pain, avant de s'éclipser pour revenir avec la carafe d'eau. -Assieds-toi donc Nora... Tu devrais manger pendant que c'est chaud... -Je n'ai pas faim... Je vais prendre un fruit... -Tu plaisantes ? -Je vous assure... La vieille dame dépose sa cuillère : -Tu oublies trop souvent que tu es enceinte Nora... -Mais non... Je ne fais que penser à ça justement. -Devrais-je alors te préciser que tu devrais manger pour deux ? Nora secoue la tête : -Je... je le sais. Mais je n'ai pas faim. J'ai pris un goûter dans l'après-midi... -Cela remonte déjà à plus de quatre heures. Nora se mordit les lèvres. Elle n'avait pas le droit d'encombrer davantage cette brave femme par ses préoccupations. Elle tire une chaise et se sert un peu de chorba. -Voilà qui est mieux, ma fille. Après le dîner, Nora aide la vieille femme à se mettre au lit, et se retire dans sa chambre. Elle se remet encore à penser à sa situation, et se dit qu'elle devrait essayer de contacter Yazid. Après tout, elle n'avait plus personne vers qui se tourner. Comment va-t-il réagir ? A-t-il repris une vie normale ? A-t-il oublié ses soirées arrosées et ses interminables parties de poker ? Elle se lève et se dirige vers le téléphone qui se trouvait au fond du couloir. Il était 21h. Yazid n'était peut-être pas encore rentré. Elle forme le numéro, et attend la sonnerie qui ne tarda pas à retentir à l'autre bout du fil. Une fois, deux fois, et à la troisième, quelqu'un décroche... Nora reconnut la voix de son ex-mari. Son cœur se met à cogner dans sa poitrine. -Allô... Allô... Allô... Oui... La voix était nette et même très belle. Elle comprit qu'il avait repris ses bonnes habitudes. Sinon, à cette heure-ci, il ne serait pas encore rentré. Elle voulait lui parler, crier son désarroi..., lui dire combien elle l'aimait encore et combien elle avait besoin de lui. Mais le courage lui manque. Elle n'eut d'autre recours que de raccrocher au plus vite et de s'enfuir dans sa chambre. à des milliers de kilomètres de là, Yazid reposait à son tour le combiné sur son socle, et se dirigeait au salon où il travaillait. Quelque chose en lui avait vibré lorsqu'il avait décroché. Il avait nettement entendu une respiration saccadée, comme si la personne avait peur... Son cœur avait fait un bond, avant de tripler ses pulsations. Aucun doute, c'était Nora qui l'avait appelé. Et elle avait besoin de lui. Il repousse les papiers sur sa table et prend une cigarette. Il était tard, et si Nora avait eu le réflexe de l'appeler à cette heure-ci, c'est qu'elle avait des ennuis. Mais pourquoi avait-elle gardé le silence avant de raccrocher ? Il aurait suffi d'un mot de sa part pour qu'il délaisse le monde entier et coure à sa rencontre. Des nuages de fumée se formaient autour de lui. Il était encore amoureux, bien plus amoureux qu'il ne l'avait jamais été auparavant. Il aimait Nora, et savait qu'elle l'aimait encore. Elle finira bien par donner signe de vie... Il en était certain... Mais en attendant, elle était entrain de le faire languir.. Il éteint le mégot qui brûlait entre ses doigts, et tente de reprendre son travail. Mais la concentration lui manquait... Il n'avait plus envie de travailler. Il allume une autre cigarette et s'allonge sur un canapé... Il savait que la nuit allait être longue... Bien longue..., mais l'espoir renaissait en lui. Le lendemain, Nora se réveille avec la sensation d'avoir dormi juste quelques minutes. Son sommeil, loin d'être réparateur, la fatiguait davantage. (À suivre) Y. H.