Résumé : Nora est déroutée. Elle avait besoin d'un bon repos moral. Le sommeil, lorsqu'il ne la fuyait pas, ne la reposait pas non plus. Portée par un élan nostalgique et sentimental, elle tente de contacter Yazid, mais n'eut pas le courage de lui parler... Elle sentait qu'il l'aimait encore... Son état de femme enceinte lui faisait appréhender l'avenir... Ses migraines et ses nausées matinales commençaient à s'atténuer, et sa gynécologue lui avait conseillé de se reposer davantage. Mais ce dont elle avait le plus besoin c'était plutôt un repos moral. Elle était à bout de nerfs et ne savait plus à quel saint se vouer. Elle se rendit dans la cuisine et prépare hâtivement un petit-déjeuner, avant d'aller réveiller la vieille dame. Marguerite, la jeune infirmière qui était chargée de son suivi médical et de son traitement, n'allait pas tarder à arriver pour lui administrer ses injections, contrôler sa tension artérielle et sa glycémie, puis lui faire quelques mouvements afin de l'aider à mieux supporter ses douleurs et ses courbatures. Nora se dit qu'elle devrait profiter de cette "pause" pour sortir faire des courses avant de revenir préparer le déjeuner. Elle s'habille donc, et prend un panier et son porte-monnaie. Marguerite venait d'arriver, et elle lui confie Mme Claude pour quelques heures. Tout en marchant, la jeune femme repensait à son coup de fil de la veille. Yazid avait sûrement deviné que c'était elle qui l'avait appelé. Comment avait-il donc réagi à ce coup de fil nocturne ? Elle ferme les yeux et pousse un long soupir. Ils étaient si heureux ensemble ! Et si elle lui apprenait qu'elle avait quitté son mari, mais qu'elle était aussi enceinte de lui ? Elle secoue la tête. C'était insensé. Yazid faisait désormais partie de son passé, et elle devrait se rendre à l'évidence... Rien ne sera plus comme avant... Jamais, au plus grand jamais, elle ne pourra revivre ce qu'elle avait vécu lors de son premier mariage... Son cœur se serre. Elle se reprend, et pour chasser ces idées noires, elle entre dans une superette et fait ses courses, puis en ressort pour aller acheter quelques fleurs et des pâtisseries. Mme Claude en sera ravie. Elle aimait les fleurs autant que les sucreries. Nora sentit son bébé bouger dans son votre. Elle s'arrête un moment au bord du trottoir et dépose ses achats. Elle avait déjà eu cette sensation euphorique qui reflétait la présence d'une nouvelle vie en elle, et à chaque fois elle ressentait un étrange attachement à cette masse qui se formait de jour en jour. Son ventre s'étirait, et bientôt elle ne pourra plus cacher son état. Mme Claude lui avait dit qu'elle embellissait et prenait du poids. Elle avait déjà entendu des femmes de son entourage échanger des compliments entre elles, lorsqu'elles étaient enceintes. Dans sa famille ou même à l'école, c'était le même cas. On trouvait toujours quelque chose à redire sur une femme enceinte. Sûrement pour la rassurer se dit-elle... Elle prend une longue inspiration, et reprend ses paquets et son panier, avant de héler un taxi. Elle rentre à la maison et dépose le tout dans la cuisine. Marguerite était partie et Mme Claude lisait le journal. -Oh ! Vous allez fatiguer vos yeux... Laissez-moi vous lire les dernières nouvelles. La vieille femme sourit : -Vous voici de retour Nora... Alors qu'est-ce qu'on a acheté ? -Un peu de tout... J'ai une petite surprise pour vous. Elle court apporter un vase et dépose les fleurs sur la table de nuit : -Je sais que vous aimez les fleurs. Votre chambre en sera bientôt embaumée... -Merci ma chère fille... Je n'ai pas encore connu quelqu'un d'aussi prévoyant que vous à mon égard. -Il y a aussi des pâtisseries pour le dessert. -Alors je suis gâtée pour aujourd'hui. Elle la regarde dans les yeux avant de demander : -Et pour vous... Qu'est-ce que vous avez acheté ? -Oh ! Rien de spécial... Je vais préparer le déjeuner... Que voulez-vous donc manger ? -Un couscous. -Encore... Nous en avions mangé il y a à peine quelques jours. -Je raffole de ce plat... Elle s'interrompt, et regarde encore Nora avant de lancer : -Heu... Quelqu'un a demandé après vous. Nora pâlit : -Quelqu'un a demandé après moi ? -Oui... Au téléphone... C'est Marguerite qui a pris la communication... -Elle ne vous a pas dit qui c'était ? (À suivre) Y. H.