Les agriculteurs refusent de déstocker leur marchandise des chambres froides afin de maintenir les tarifs à la hausse. La hausse actuelle des prix de la pomme de terre est essentiellement due, avouent les grossistes en fruits et légumes à une "pénurie provoquée". Entre les mois d'avril et mai, le kilogramme du tubercule s'affichait à 15 et 18 DA au sein des marchés de gros. Il a été enregistré une surproduction émanant, notamment, de la région des Hauts-Plateaux, qui a poussé les agriculteurs à recourir aux chambres froides pour stocker les quantités nécessaires appelées à être mises sur le marché en cas de production insuffisante et de manque de produit. C'est ce qu'appellent les agriculteurs dans leur jargon la période de soudure qui coïncide avec les mois de septembre et d'octobre de chaque année. Ces jours-ci, les fellahs devraient en principe déstocker leur marchandise et la mettre sur le marché. Chose qui n'a pas été effectuée convenablement pour le moment. Ils décident de provoquer une pénurie afin de maintenir les tarifs à la hausse. "La pomme de terre est disponible en quantités suffisantes dans les chambres froides. Pourquoi ils ne la sortent pas ?", martèle Mohamed Medjber, président de la Commission nationale des représentants des marchés de gros de fruits et légumes. "Les producteurs préfèrent la déstocker au compte-gouttes pour que le prix de gros ne baisse pas au-dessous des 50 DA", affirme M. Medjber. Ce qui fait qu'elle est cedée au détail à 90 DA le kg. Néanmoins, l'on s'attend à une stabilité des tarifs dès le mois de novembre avec l'arrivée d'une nouvelle production des wilayas de Bouira, Aïn Defla... Durant la saison hivernale qui pointe d'ores et déjà son nez, les agriculteurs sont dans l'obligation d'arracher leur produit et le commercialiser car, ils ne peuvent le laisser éternellement dans les champs sinon ils risquent l'avarie. Ce qui constituerait pour eux une perte sèche. Quant à la flambée des prix des autres légumes, notre interlocuteur l'explique par le fait que ce sont des produits d'hiver et par le manque flagrant de main d'œuvre. Par ailleurs, la plupart des fruits vendus sur le marché est issue de l'importation. Abstraction faite des pommes et des poires, les autres fruits proviennent de l'étranger. Il est à noter que la situation qui prévaut au sein de ces espaces commerciaux en termes d'organisation et moyens reste déplorable. Le manque d'infrastructures adaptées pour la vente de fruits et légumes et leur mauvaise gestion ont mené à la saturation de ces marchés. La majorité d'entre eux ne répondent pas aux normes internationales. L'on constate l'absence ou la vétusté du tissu urbain, l'impraticabilité des routes au niveau des marchés, l'absence d'éclairage public à leur niveau, des chambres froides en panne, l'absence d'un système adéquat d'évacuation des eaux usées et des moyens de sécurité, outre la relation ambiguë entre le gérant et les usagers du marché et le non-respect des règlements en vigueur. D'où la décision de lancer un programme d'urgence pour combler les lacunes actuelles et répondre aux besoins urgents, à travers, entre autres actions, l'opération de réhabilitation de 32 marchés de gros de fruits et légumes et 273 marchés de détail.