La professionnalisation de la chaîne des transports, une nécessité

Modernisation du port d’Alger

La saturation du terminal existant ainsi que les prévisions de la demande à venir, à l’horizon 2005, imposent la réalisation d’un deuxième port à containers.
Le port d’Alger semble mettre les bouchées doubles pour s’arrimer au standard du commerce mondial. Les évolutions enregistrées sont, certes, jugées “satisfaisantes�, mais elles restent insuffisantes comparées aux défis auxquels les ports seront confrontés, une fois l’Algérie devenue membre de l’OMC et la zone de libre-échange avec l’Union européenne établie. La facilitation sera la règle.
Du coup, le séjour et le traitement des navires doivent intégrer les normes internationales au risque de voir le trafic maritime se déplacer à Tanger. C’est du moins ce qui ressort de l’intervention de M. Ali Farah, président directeur général de l’EPAL, invité, hier, au forum du quotidien El Moudjahid. L’EPAL, qui se veut toujours à l’écoute de sa clientèle, a relevé récemment avec regret les difficultés rencontrées par les armements traitant le conteneur.
Cette situation s’explique par l’évolution exponentielle de ce type de trafic ; le terminal à conteneurs, réceptionné en 1999, a permis de faire baisser le taux d’attente en rade à moins d’une demi-journée avec l’objectif de traiter plus de 100 000 containers à l’horizon 2007. Or, l’année 2003 a été clôturée avec 350 000 containers, alors que les réalisations comparées de février 2004 par rapport à février 2003 donnent une augmentation de plus de 48,75 %.
Aujourd’hui, le taux de temps de rade dépasse la moyenne des trois jours et demi, alors que pour l’ensemble des autres modes de conditionnement des marchandises, la moyenne est d’une journée. L’actuel directeur général de l’Entreprise du port d’Alger affirme que le port est condamné à investir dans les grands moyens, non seulement pour garantir une fluidité du mouvement des marchandises, mais aussi une plus grande célérité et davantage de rigueur dans les opérations de contrôle.
Six milliards ont été déjà investis. La mise en service d’un scanner à rayons X, ultramoderne, le 7 avril dernier, entre dans le cadre du programme de modernisation et de mise à niveau du port, concocté par la direction. Le projet a coûté 1,3 milliard de DA, financé sur fonds propres. Le traitement se fait en cinq minutes. Le véritable professionnel peut en une heure enlever sa marchandise. “Au-delà de cet outil, qui permet de fluidifier, moraliser et gérer les containers, le port d’Alger introduit ce que les responsables de cette entreprise appellent “la qualité plus�, c'est-à -dire la contractualisation des relations qui, en fait, permettra, à moyen terme, de poser les responsabilités et de professionnaliser toute la chaîne des intervenants. Cette méthode de gestion permettra aussi, de détecter rapidement le maillon responsable d’un désagrément�. “Les enjeux actuels nécessitent une évolution constante des mentalités pour relever les défis et professionnaliser les métiers�, souligne M. Farah.
En matière d’espace, durant 2004 ou début 2005, il sera procédé au lancement d’un appel d’offres en BOT pour la réalisation du deuxième terminal à container aux Sablettes, qui pourra traiter 700 000 containers. Seule action à même de confirmer et de préserver la position du port d’Alger à l’échelon national et régional. “La saturation du terminal existant, ainsi que les prévisions de la demande à venir à l’horizon 2005 sont autant d’éléments qui indiquent la nécessité de s’orienter rapidement vers la réalisation d’un deuxième port à containers�, avait souligné Ali Ferrah, P-DG du port d'Alger. “Plusieurs opérateurs asiatiques et européens ont exprimé leur intérêt à construire un tel projet�, souligne M. Ali Farah. Selon le même responsable, en 1990 les Japonais ont évalué le taux de rentabilité à 20%. En attendant, l’autorité portuaire prévoit d’adapter des surfaces d’entreposage bord quai pour le traitement des containers.
Trois magasins seront démolis et les terre-pleins seront affectés à des containers, exclusivement. Le P-DG de l'EPAL, M. Ali Farah, a par ailleurs, évoqué la possibilité de réaliser une seconde gare maritime eu égard à la forte croissance du trafic passagers enregistré ces dernières années. Le trafic passagers a connu, entre 1996 et 2003, une nette augmentation allant d'un mouvement de 154 403 à 324 724 passagers, soit une hausse de 110%. En matière d’équipement, il est prévu l’acquisition de remorqueurs en haute mer. Aujourd’hui, nous dit-on, en cas de naufrage, il est fait appel aux Espagnols. Il y aura aussi des ravitailleurs en eau douce et plus de portiques.
Ali Ferrah, P-DG du port d’Alger, évoque aussi la possibilité de la mise en place d’un logiciel qui permettra la consultation et le suivi des marchandises à distance. Concernant la sécurité, l’entreprise du port d'Alger avait lancé un avis d'appel d’offres national et international pour l’acquisition et la mise en service d'un système de télésurveillance utilisant l'infrastructure du réseau IP du port d’Alger et la solution Wifi. L’appel a été par la suite retiré pour être homologué par une équipe américaine, dans le cadre de la sécurité globale des ports algériens. Pour rappel, treize principaux ports algériens, notamment Alger, Oran, Annaba, Béjaïa, Skikda, Djendjen, Arzew et Mostaganem, sont sommés de se conformer aux exigences du code international pour la sûreté des navires et des installations portuaires (Isps), avant le mois de juillet prochain. Un contrat a été signé entre le DG du port d’Alger, en tant que mandataire des autres ports algériens, et le premier responsable de la société américaine Northeast Maritime Institute. Les consultants de cette entreprise sont chargés d’assister les autorités portuaires dans la préparation et la mise en application d’une approche nationale systématique de la sûreté dans ces enceintes. Pour Alger, l’étape diagnostic a été finalisée.
M. R.