Les frontières sud et sud-ouest de l'Algérie sont devenues de véritables passoires. De grosses quantités de drogue y transitent régulièrement pour échouer au nord du pays, dans d'autres pays africains ou encore en Europe. ne récente enquête du commandement de la gendarmerie nationale a montré que l'Algérie est utilisée comme zone de transit par les barons de la drogue. Rien que pour les 9 premiers mois de l'année 2002, près de 1 300 kg de kif ont été saisis alors que plus de 1 200 personnes, impliquées dans le trafic des stupéfiants, ont été arrêtées par les services de sécurité. Cette enquête fait ressortir l'existence d'une volonté de faire de l'Algérie une plaque tournante du trafic international de stupéfiants et, en même temps, de créer un marché intérieur ouvert sur l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient. Les statistiques révèlent que le trafic touche principalement les drogues douces (chanvre indien et dérivés), tandis que les drogues dures (cocaïne, marijuana) n'apparaissent que rarement. La commercialisation du cannabis a lieu essentiellement via les frontières ouest. La longueur des frontières, l'existence de plusieurs points de passage et l'installation des postes de contrôle en dehors du tracé de ces frontières ont largement facilité la tâche des trafiquants qui ne trouvent aucun mal à faire introduire cette drogue en Algérie. La région de Maghnia constitue la plaque tournante du trafic au même titre que d'autres points de passage à travers la frontière ouest, notamment Theniet Erramla (Sebdou), Mechraâ Ennour (Naâma) et Figuig (province marocaine frontalière avec Béchar). Il faut dire que les années de lutte antiterroriste ont accaparé une grande partie des efforts et moyens des forces de sécurité, ayant permis ainsi aux trafiquants de drogue d'agir avec facilités tout en déployant leurs réseaux. Les différentes enquêtes de la gendarmerie nationale ont montré que la quasi-totalité des quantités de drogue saisies et celles qui ont pu passer à travers les mailles des services de sécurité proviennent du Maroc qui a développé une véritable stratégie pour la culture du cannabis. Ce qui laisse à penser que le royaume est loin de mener une politique saine de reconversion de ses terres destinées à la culture du cannabis en terres agricoles classiques pour réduire l'offre. Du reste, selon des sources diplomatiques, les responsables marocains ne s'en cachent pas. Lorsqu'ils sont interpellés sur cette question lors de rencontres internationales, ils rétorquent qu'ils ne disposent pas de moyens financiers pour opérer cette reconversion. Ce n'est peut-être pas par hasard que près de 60% des personnes étrangères arrêtées par les services de sécurité pour trafic de stupéfiants sont des Marocains