Les stagiaires de la formation ou, si l'on veut, de l'enseignement professionnel, n'auront pas leur bac cette année. Et peut-être jamais. Le ministre en charge de ce secteur, Lhadi Khaldi, a tranché dans le vif en déclarant ce prestigieux examen inapproprié voire farfelu pour la formation professionnelle. Interrogé, hier, par la Radio Chaîne III, le ministre a presque tourné en dérision l'institution d'un tel baccalauréat alors que la carte nationale de la formation professionnelle n'est pas encore clairement établie. Le représentant du gouvernement récuse d'autant plus cette formule qu'aucun lien, d'après lui, n'existe entre ce secteur et celui du ministère de l'Enseignement supérieur. “Il est inconcevable de soumettre des apprentis aux épreuves d'un baccalauréat qui ne leur ouvre pas droit d'accès à l'université”, s'étonne le ministre. Plus de 800 stagiaires ont été inscrits, révèle-t-il, pour subir les épreuves de cet examen, cette année, comme cela avait été projeté par son prédécesseur Abad dont 70% orientés directement vers cette filière lors de leur passage au lycée. Et les 30% restants représentent le bataillon des titulaires de CAP qui devaient, théoriquement, postuler au bac professionnel même après avoir été recalés du système scolaire. “Trouvez-vous normal qu'un recalé au collège et un élève, qui a suivi ses études jusqu'à la terminale, ouvrent droit au même examen ?” assène encore Khaldi qui refuse catégoriquement de mettre sur un pied d'égalité les apprentis de la formation professionnelle et les élèves scolarisés. “Le bac est tout de même un prestigieux examen qui n' est ouvert qu'aux élèves méritants”, précise-t-il. C'est donc un vrai pavé que vient de jeter le nouveau ministre dans la mare d'un secteur qui subit les contrecoups des politiques irréfléchies, faites de bricolage et d'improvisation. En l'occurrence, Lhadi Khaldi entend manifestement donner un coup de pied dans la fourmilière en annulant tout ce qui a été entrepris depuis au moins trois à cinq années. Il est à rappeler en effet, que l'idée d'un bac professionnel a germé dans l'esprit de Karim Younès qui a été pendant longtemps responsable de ce département ministériel. Son successeur, Abdelhamid Abad n'a fait que donner corps à ce projet dont le lancement a été précédé d'une flopée de séminaires, de journées d'étude et autres réunions pour encadrer la première session de ce bac spécial. Et puis coup de théâtre, puisque l'actuel ministre remet en cause cette trouvaille en mettant l'accent sur le caractère hybride de cet examen. Pis, le ministre a non seulement décidé de revoir la copie de ce bac mais également celle de tout l'enseignement dit professionnel. À commencer par la fameuse carte nationale — censée avoir été faite depuis longtemps — que Lhadi Khaldi compte lancer prochainement pour identifier les besoins des wilayas en formation en tenant compte des spécificités de chaque région. “J'ai déjà instruit les walis de me sérier les besoins en formation à leur niveau afin d'aboutir à une vraie carte nationale de la formation”, dixit le ministre. Un discours qui sonne le “déjà entendu”, mais qui informe assez clairement que le bricolage a de beaux jours devant lui dans ce secteur qui sert de laboratoire aux expériences voire aux échecs recommencés. H. M.