Un accord de cessez-le-feu a été signé hier par le président burundais, Pierre Buyoya (Tutsi), et le chef du principal mouvement rebelle, Pierre Nkurunziza (Hutu), mettant fin à une décennie de guerre civile qui a fait 300 000 morts. Il a fallu plus de quatre ans de contacts et de négociations entre les deux parties, du 6 juin 1998 à hier, pour aboutir à un accord. Cet événement historique devrait mettre un terme à la rivalité séculaire entre les deux principales ethnies du Burundi, les Tutsis et les Hutus. Le cessez-le-feu, censé entrer en vigueur dès sa signature, ne serait effectif, selon le président ougandais, Yoweri Museveni, qui a parrainé la cérémonie, qu'à partir du 30 décembre prochain. Ce n'est pas l'avis du vice-président sud-africain Jacob Zuma, qui estime que “les personnes qui ont signé un cessez-le-feu sont supposées arrêter les combats immédiatement”. L'accord partage le pouvoir entre la minorité tutsie, qui contrôle l'armée, et la majorité hutue. Il est prévu la mise en place d'institutions de transition, dont un gouvernement nouveau. L'application des dispositions prendra un mois environ, notamment les questions politiques. En effet, il s'agira d'arrêter la manière qui permettra aux Forces pour la défense de la démocratie (FDD) de participer au gouvernement de transition dans le cadre de l'accord de paix d'Arusha (Tanzanie), signé en août 2000. Il y a lieu de signaler que les mouvements rebelles n'ont pas pris part à cette rencontre, qui avait réuni le gouvernement burundais et les partis politiques hutus et tutsis. L'absence des mouvements rebelles avait considérablement amenuisé les chances d'application réelle de l'accord d'Arusha 2000. Résultat, la liste des victimes, en majorité civiles, s'est encore allongée. Le président burundais, Pierre Buyoya, a estimé que “la signature de l'accord de cessez-le-feu est une étape importante mais ce n'est pas la fin. Le processus va continuer à travers la mise en application de l'accord d'Arusha dans sa globalité et la mise en application de l'accord de cessez-le-feu”. Il s'est engagé, au nom du gouvernement, à assurer l'application loyale de l'accord signé hier. Engagement réciproque du côté des Forces pour la défense de la démocratie, Pierre Nkurunziza, qui n'a tout de même pas manqué d'appréhension vis-à-vis du gouvernement en disant : “Et j'ose croire que celui-ci ne se dédira pas.” Pour rappel, les FDD ont été créées après l'assassinat, le 23 octobre 1993, du président burundais démocratiquement élu, Melchiar Ndadaye, un Hutu, au cours d'une tentative de coup d'Etat. Depuis, le Burundi a plongé dans une guerre civile interethnique, qui devrait, sauf impondérables, prendre fin avec l'accord de cessez-le-feu d'hier. K.A.K.