Après avoir reconnu son manque de contrôle des organisations caritatives du royaume, Riyad annonce un durcissement de la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement des réseaux terroristes. C'est le conseiller diplomatique du prince héritier Abdallah, Adel Al-Joubeïr, qui a indiqué mardi dernier à Washington que l'Arabie Saoudite allait renforcer la réglementation et le contrôle financier des quelque 300 organisations caritatives du royaume. Dans la foulée, il a également annoncé la création d'une unité de renseignement financière au sein de la banque centrale, en liaison avec les différentes banques privées saoudiennes, ainsi que la relance de la commission antiterroriste conjointe avec les Etats-Unis. “Nous serons vigilants. Nous sommes déterminés et nous serons sans pitié en ce qui concerne le traitement du terrorisme et de ses adeptes”, a affirmé le conseiller du prince héritier. La réaction saoudienne intervient après les nombreuses accusations qui lui ont été faites par les Etats-Unis. “Depuis longtemps, l'Arabie Saoudite a été accusée à tort d'être inefficace et de ne pas coopérer dans la lutte contre le terrorisme”, a déclaré Al-Joubeïr, lors de la présentation d'un rapport sur l'action antiterroriste du royaume, au cours d'une conférence de presse dans la capitale américaine. Les dirigeants de Riyad répondent ainsi à l'attente de Washington, qui lui reprochait de ne pas en faire assez dans ce domaine en exprimant son doute sur l'engagement réel des Saoudiens dans la lutte contre le terrorisme. Le diplomate wahhabite a mis cela sur le compte de la naïveté, en affirmant : “Nous n'avions pas les moyens de contrôle adéquats sur toutes nos donations. En conséquence de quoi, certains ont pu profiter de notre charité et de notre générosité.” Les réformes annoncées toucheront surtout les organisations caritatives, qui seront contrôlées par une “haute commission de supervision”. Ainsi, des mesures d'audit financier détermineront si “l'argent va là où il est supposé aller”. Trente-trois comptes bancaires d'organisations caritatives appartenant à trois personnes et à une institution, pour un total de 5,5 millions de dollars, ont été gérés par les autorités saoudiennes. Pour information, le montant des donations du royaume au profit des organisations caritatives est estimé entre 3 et 4 milliards de dollars par an. Les Etats-Unis n'ont pas tardé à annoncer leur satisfaction à la suite des mesures que compte mettre en pratique l'Arabie Saoudite prochainement pour lutter contre le financement du terrorisme. “Nous pensons qu'un contrôle renforcé des transferts financiers comme annoncé aujourd'hui par les Saoudiens est essentiel pour empêcher qu'un financement en provenance d'Arabie Saoudite ne vienne soutenir le terrorisme”, a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Philip Reeker. Il s'est dit encouragé par “les efforts saoudiens”, avant d'ajouter : “Les Etats-Unis continueront de fournir une coopération technique à l'Arabie Saoudite et aux autres alliés de Washington dans la région.” De Bogota (Colombie), où il était en visite, Colin Powell a salué les décisions de Riyad les qualifiant d'“efforts sérieux”. Selon lui, les déclarations d'Al-Joubeïr sont “complètes et résolues”. K. A.K.