Le rapport d'Amnesty International (AI) sur le Maroc qui dénonce le recours à la torture est “accablant”, a écrit hier le journal marocain L'Economiste (indépendant), estimant que la torture est “une atteinte à l'humanité entière”. Dans un rapport publié jeudi à Londres, Amnesty International affirme que la torture et les mauvais traitements sont “systématiques” au centre de détention de Témara, près de Rabat. Les accusations de torture dans les centres de détention “minent les récents progrès du pays en matière de droits de l'Homme”, ajoute AI. “Amnesty : un Tazmamart à Témara ?”, titre L'Economiste en allusion au célèbre bagne marocain de Tazmamart, désormais fermé, où furent incarcérés 58 militaires de 1973 à 1991, dans des conditions effroyables. “L'opinion publique pensait que ces années-là étaient passées tout en se demandant si la loi antiterroriste — votée au lendemain des attentats du 16 mai 2003 à Casablanca — n'allait pas entraîner des retours en arrière”, écrit L'Economiste. “La réponse contenue dans le rapport d'AI est terrible”, estime le journal. “Le rapport est inquiétant (...) d'autant plus que le Maroc avait fait, incontestablement, de très sérieux efforts en matière de droits de l'Homme”, fait-il remarquer. L'Economiste admet que les Marocains “ont à faire face à la menace terroriste”. Mais, ajoute-t-il, “il ne faut pas y perdre son âme” au nom de l'efficacité. “Le recours à la torture où qu'il se produise et quels que soient le tortionnaire et la victime demeure une atteinte à l'humanité entière”, estime L'Economiste. Les organisations marocaines des droits de l'Homme ont régulièrement dénoncé des mauvais traitements dans la lutte contre les membres de groupes islamistes radicaux soupçonnés de terrorisme. Une vaste campagne d'arrestations et de procès contre ces groupes se poursuit depuis les attentats de Casablanca, qui ont fait 45 morts, dont 12 kamikazes, le 16 mai 2003.