La mauvaise gestion et le délabrement des infrastructures hôtelières imposent l'urgence d'une nouvelle politique en la matière. La visite inopinée effectuée, hier, par Kara Mohamed Seghir, ministre du tourisme aux complexes touristiques de la wilaya de Tipasa, en l'occurrence Matarès, la Corne d'Or et CET a levé le voile encore une fois sur le malaise qui gangrène le secteur du tourisme d'année en année. L'hôtel de la baie à Matarès, qui n'a jamais bénéficié de rénovation depuis 1971, fait peine à voir ainsi que tout ce qui faisait autrefois sa fierté. Les prix restent, cependant, très élevés pour permettre à un simple fonctionnaire d'y passer quelques jours de vacances. Une contradiction que les responsables des lieux sont loin de pouvoir expliquer de manière rationnelle. Le complexe CET, quant à lui a, certes, meilleure mine, mais demeure encore en deçà des exigences en la matière. La Corne d'Or, quant à lui, sort du lot, compte tenu de ses spécificités de site naturel d'une extrême beauté, mais reste hors de prix (230 000 DA pour 24 jours pour un bungalow). Les responsables des lieux se défendent de cette situation en arguant le manque de moyens et la rareté si ce n'est l'absence totale des touristes étrangers. Certes, la décennie noire vécue par l'Algérie a affecté de nombreux domaines à commencer par le secteur du tourisme. Mais, il serait aussi trop simple et trop naïf d'expliquer la mauvaise gestion des établissements hôteliers par la seule donne sécuritaire. Les infrastructures hôtelières demandent un entretien permanent et sont adaptables à d'autres vocations une fois désertées par les étrangers. Au lieu de cela, on s'est contenté durant de longues années à faire dans le bricolage; sans grand souci d'innovation ou esprit d'initiative. Autre détail qui vient ajouter son grain de sel. Ces établissements ne savent plus réellement à quel saint se vouer depuis qu'ils sont mis sous la coupe de Gest-tours qui, eux, sont sous la tutelle du 1er ministère. Le département de Kara n'est plus directement impliqué dans la gestion des établissements hôteliers. Le ministre du tourisme, pour sa part, a évoqué l'inévitable recours au partenariat privé pour parer à une situation qui paraît être l'une des plus imbriquées. “Il ne s'agit pas de brader les infrastructures ou les biens du pays et les céder à des non- professionnels”, dira t-il pour expliquer toute la pertinence de l'investissement privé aussi bien national qu'international et d'ajouter : “Il existe des lois très claires à ce propos. Mais il n'est plus possible aussi pour l'état de continuer à s'occuper de la gestion qui devrait revenir à d'autres partenaires. L'Etat reste garant dans tous les cas, mais devrait se consacrer à des préoccupations plus cruciales comme la promotion ou l'élaboration de la politique inhérente au domaine.” En attendant des jours meilleurs, le ministre a exhorté tout intervenant dans le domaine de consacrer tous les efforts pour donner la meilleure image possible du secteur. Il a en outre, encouragé le talent de nos artisans pour réaliser tout ce qui peut se rapporter au volet traditionnel jusqu'à habiller le personnel hôtelier, notamment celui de l'accueil avec des couleurs locales. Une manière de sauvegarder le patrimoine et de créer l'emploi tout à la fois. Le département de Kara apportera par ailleurs, sa contribution dans l'organisation du festival artistique “Layali El Bahdja” pour faire bénéficier les établissements hôteliers d'invités de marque (des artistes nationaux et internationaux) qui seront les ambassadeurs idéaux pour assurer la promotion du secteur. N. S.