Désormais, le journaliste accrédité ne peut exercer que pour un seul organe. Le gouvernement a adopté, hier, un décret exécutif fixant les modalités d'accréditation des journalistes nationaux ou étrangers exerçant en Algérie pour le compte d'un média étranger. Ce texte de loi présenté et adopté en Conseil de gouvernement tenu sous la présidence du chef de l'Exécutif, Ahmed Ouyahia, précise que “pour les ressortissants algériens désireux d'exercer comme correspondants de médias étrangers, le décret annonce des dispositions universelles parmi lesquelles : la nécessité d'obtenir l'accord écrit du média national employeur s'il s'agit d'un ressortissant algérien exerçant la profession de journaliste”. Le décret en question prévoit également s'agissant des fonctionnaires et agents des établissements publics, une interdiction “de se livrer à cette activité conformément à leur statut”. Aussi, il a été institué à travers le décret exécutif en question “la limitation de l'activité de correspondant pour le compte d'un média étranger à un seul organisme”. Dans son exposé des motifs aux fins d'expliquer les raisons du recours à ce genre de mesures, le ministre de la Communication a expliqué que sa démarche intervient pour “combler un vide réglementaire par rapport à la législation nationale en vigueur et conformément à ce qui se fait à travers le monde”. Si l'on peut concéder au gouvernement le droit de se conformer à la législation en vigueur à travers le monde dans tous les domaines, il n'en demeure pas moins que ce même gouvernement a tendance à utiliser la loi pour régenter tous les segments de la société et plus particulièrement le secteur de la presse. Sinon, comment expliquer l'intérêt particulier qu'il manifeste maintenant et plus spécialement envers les journalistes nationaux ou étrangers chargés de répercuter l'actualité nationale au niveau international. En réalité, la mesure gouvernementale n'est autre que d'ordre politique. Elle vise à restreindre l'activité des journalistes travaillant pour le compte des médias étrangers afin de priver l'opinion internationale d'être aux faits des violations flagrantes des droits de l'Homme en Algérie. À plus forte raison que la condamnation du directeur du Matin, Mohamed Benchicou, à deux années de prison ferme et celle du correspondant de Djelfa, à deux mois de prison ferme, ont été marquées par un large mouvement de solidarité tant au niveau national qu'international. “Le gel provisoire” des activités de la chaîne de télévision arabe Al-Jazira en Algérie intervient en tout cas dans ce sens. N. M.