Le ministre de la Communication devait parler pour lui, en recevant la délégation d'éditeurs et de journalistes, mais aussi dans sa dernière conférence de presse. Son Chef du gouvernement a vite fait de contredire les garanties d'ouverture que le ministre de la Communication a tenté d'émettre. Sur la question de l'accès à l'audiovisuel, Ouyahia a explicitement confirmé les convictions qu'on lui connaissait. Au demeurant, elles coïncident pleinement avec les engagements du président de la République. Il les avaient rappelées avec constance tout au long de la campagne électorale et consignées dans son programme de gouvernement : en matière de médias, le principe est de conserver résolument le privilège autocratique de la télévision unique. L'ENTV pourra sévir pendant de longues années encore, même si les Algériens s'en détournent et s'équipent de coûteux démodulateurs pour lui échapper. Déjà qu'on ne pense pas à revenir à la RTA et au noir et blanc… En même temps que le monopole politique de l'audiovisuel a été confirmé, les velléités d'“apaisement” recueillies par les professionnels reçus au ministère de la Communication ont été contredites par l'instance de Ouyahia à proclamer que le tribunal d'El-Harrach n'a pas jugé une affaire de délit de presse. La commodité de l'argument ne change rien à la réalité politique et ce n'est pas parce que la répression a le choix des rames qu'elle en est moins réelle. Le Chef du gouvernement peut même s'offrir, dans la foulée, une preuve de charité envers la presse privée quand il révèle que “si les règles économiques étaient réellement appliquées, à peine un cinquième des journaux paraissant aujourd'hui survivrait”. Mais la formulation tendancieuse, dirait-on, si elle fut l'œuvre d'un journaliste, ne dit pas quels seraient les quatre cinquièmes de titres qui devraient logiquement disparaître. La révolution de Haïchour, qui procède peut-être de la bonne intention, n'aura pas lieu. Il devra, donc, s'accommoder de l'ostracisme du régime dont il partage le pouvoir. En attendant qu'il s'adapte à la réalité du pouvoir, il aura eu le mérite de faire montre, le temps d'être rectifié, de généreuses pensées. En somme, rien de nouveau là-haut. Cette “prise de mesures en faveur des égarés qui veulent déposer les armes” évoquée par le Premier ministre, et maintes fois insinuée, semble absorber l'essentiel de l'énergie des autorités nationales. L'instance du président, dans son discours du 4 juillet, et, cette fois-ci, du Chef du gouvernement, sur la fermeté dans la lutte antiterroriste, sert peut-être à couvrir un surcroît de largesses à venir pour des terroristes qui, décidément, sont seuls à susciter l'empressement du pouvoir. En somme, le Chef du gouvernement nous a rappelé au programme qu'il s'est imposé le 8 avril. Rien de plus naturel. M. H.