Un énorme retard est enregistré dans la réalisation des projets lancés dans le cadre du plan d'urgence. Après Tébessa, Béchar et Tindouf, c'est au tour de la wilaya de Tlemcen d'accueillir le ministre des Ressources en eau, venu évaluer l'état de réalisation du programme d'urgence relatif au renforcement de l'alimentation en eau potable et à la réhabilitation des réseaux d'AEP. À cet effet, une visite marathon a conduit durant deux jours, lundi et mardi, la délégation ministérielle accompagnée des autorités locales dans plusieurs daïras de la wilaya, le périple s'achevant au chef-lieu de la wilaya et dans les villages limitrophes. La première escale a été Ghazaouet où une station de dessalement d'eau de mer devait être opérationnelle au mois d'août dernier. Le ministre a sévèrement stigmatisé le retard accusé dans la réalisation de cet ouvrage inscrit dans le cadre du plan d'urgence et il n'a pas mâché ses mots pour exprimer son mécontentement et sa surprise quant au choix du site même, en bordure d'un oued avec tout ce que cela laisse craindre en cas de crue. À noter que ce même site a fait l'objet d'un transfert pour cause de mauvais choix préalable, ce qui a provoqué partiellement le retard, aggravé par les lenteurs de l'entreprise de réalisation l'Allemande Linde. Le maître d'ouvrage, l'ADE, a tenté de justifier les contraintes de cette entreprise sans convaincre le ministre qui n'a pas hésité, d'ailleurs, à adresser une mise en demeure, fixant la date du 7 janvier 2003 pour la réception de l'ouvrage. Cap ensuite sur Oued Mouelah, près de Maghnia où les eaux savonneuses révèlent, même au plus profane dans le domaine, la gravité de la pollution générée par les usines de la région, mais aussi par les eaux usées déversées par les Marocains. Les responsables du secteur semblent conscients de la situation et des mesures sont prises pour y remédier, notamment avec le concours de Marocains disposés à coopérer. Cependant cette prise de conscience ne semble pas partagée par certains industriels qui continuent à rejeter, sans vergogne, leurs résidus ignorant souverainement la loi en la matière. C'est le cas de la maïserie de Maghnia. Fort heureusement, d'autres unités industrielles font exception telles que l'Entreprise nationale des corps gras (l'ENCG). Celle-ci a même démontré que depuis l'installation de la station d'épuration, les 350 tonnes de glycérine récupérées au cours du traitement lui permettent d'amortir le coût investi dans la réalisation de cet équipement. La délégation ministérielle s'est rendue ensuite à la station d'épuration de Maghnia, opérationnelle depuis le 5 juin 1999. Celle-ci produit déjà 6 000 à 7 000 m3/jour pour les 95 000 habitants de la localité. Au barrage de Boughrara, le plus important de la wilaya, véritable chef-d'œuvre réalisé par les Italiens depuis plus de quatre années, la pollution est également un phénomène observable à l'oeil nu : les eaux usées venant de l'Oued Mouelah sont directement déversées dans le lac artificiel. Dernière escale de la journée : le barrage de Sikkak, pas loin de la ville de Tlemcen. Là encore, le ministre a relevé le non-respect des délais de réalisation de la station d'épuration. Celle-ci était destinée à absorber les eaux usées déversées par la ville de Tlemcen. Cette fois encore, Attar s'est montré très critique et a fait observer que les contrats doivent comporter des clauses explicites de pénalités importantes en cas de non-respect des délais. La seconde journée de la visite a été consacrée à la région de Tlemcen. Au barrage de Béni Bahdel, un projet de transfert est en cours de réalisation pour l'alimentation en eau potable du groupement de Tlemcen. Il y a eu aussi la visite du barrage de Meffrouch, d'une capacité réelle de stockage de 15 millions de m3. Départ ensuite sur Ouled Mimoune où il est prévu la réalisation d'un petit barrage sur l'Oued Khalfoun. Le village de Sidi Abdelli a également eu la visite de la délégation pour inaugurer un projet de renforcement de l'AEP et de boucler la boucle par un détour au chantier lagunage de Sidi Senoussi. Ce périple a permis au ministre de constater le déficit considérable en eau de la wilaya de Tlemcen. Celle-ci est à vocation agricole et le préjudice est important. “Il n'est plus possible de subvenir aux besoins de cette wilaya avec les mêmes installations et la même organisation dans les années à venir”, a observé Attar qui s'est dit convaincu qu'il faut revoir les choses de fond en comble. Pour lui, il convient d'inscrire Tlemcen parmi les wilayas prioritaires en matière de rénovation des réseaux de distribution en raison des pertes d'eaux qui y sont enregistrées et qui sont estimées à 50 %. N. S. VIE SYNDICALE Snapap contre gouvernement • Nous publierons dans notre édition de demain (dimanche 8 décembre), à l'appui d'un article faisant état du recours effectué auprès du Bureau international du travail (Bit) par le Snapap, l'entretien accordé à Liberté par M. Malaoui, secrétaire général de ce syndicat.