Les remous provoqués par la présidentielle et la démission de Karim Younès de la présidence de l'Assemblée ont paralysé le fonctionnement des deux Chambres. L'histoire éphémère de cette session a commencé le 3 mars dernier dans une ambiance tumultueuse de l'hiver électoral. Elle s'achève, aujourd'hui, avec le faux sentiment du devoir accompli dans une ère d'accalmie estivale. Le Parlement aura été sage, même si sa Chambre basse a, en l'espace de quatre mois, changé de président, passant du peu imposant Karim Younès d'un FLN vacillant au controversé Amar Saïdani d'un FLN “redressé”. À la Chambre haute, Abdelkader Bensalah et le RND ont su garder le monopole sans livrer bataille. Les élus du peuple ont passé leur temps à sommeiller. D'abord, à cause de l'agitation générée par la préparation de l'élection présidentielle du 8 avril, les deux camps (pro-Bouteflika et pro-Benflis) se regardant en chiens de faïence et paralysant complètement le fonctionnement des deux Chambres. Ensuite, en raison des remous provoqués par l'autre compétition électorale, conséquence directe de la défaite sans appel de Ali Benflis à la présidentielle, celle en l'occurrence de la succession de Karim Younès à la tête de l'Assemblée. Entre la date de sa démission, le 3 juin, et la date de son remplacement, le 23 juin, par Amar Saïdani, les affaires courantes ont marqué un arrêt total. La session du printemps a tout de même servi à faire adopter quelques projets de loi importants, notamment ceux relatifs au statut du magistrat et à la composante du Conseil supérieur de la magistrature ainsi que celui sur l'urbanisme. Les magistrats étaient, jusque-là, gérés par un décret exécutif, daté de 1992, promulgué en (et pour) situation exceptionnelle. Le reste ? Le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, a eu le loisir d'annoncer une révision de la loi sur les associations ; le ministre de l'Habitat, Mohamed Nadir H'mimed, a promis de s'attaquer aux constructions illicites ; le ministère de l'Agriculture a fait part de ses intentions de mettre fin à la chasse aux espèces rares, pratiquée notamment par des émirs du Golfe autorisés par l'Etat algérien ; le ministre du Commerce, Noureddine Boukrouh, a révélé, en marge d'une séance en plénière, la volonté du gouvernement de lever rapidement l'interdiction qui pèse, par le biais d'une loi votée par le Parlement et les partis au pouvoir, sur l'importation des boissons alcoolisées ; la commission de la défense nationale a, quant à elle, décidé de retirer purement et simplement une proposition de loi portant sur la levée de l'état d'urgence. Ne parlons pas des questions qui fâchent ! Bref. Comme tant d'autres, cette session est à mettre aux oubliettes. La rue continuera pour autant à vivre de… rumeurs et d'incertitudes. L'Assemblée serait-elle dissoute ? Peut-être. Certains partis, à l'instar du FFS et de l'UDR naissante, le réclament. Le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, dément. Après tout Abdelaziz Bouteflika ne doit pas s'en plaindre. Les deux chambres ont les coudées franches pour continuer à enregistrer. L'opposition laminée, le champ politique ramené à son expression la plus simple, l'activité médiatique intimidée, le gagnant est toujours le même : le pouvoir en place. L. B.