Les formalités d'inscription sont le premier contact de l'étudiant avec l'univers mythique de l'université. Liberté a suivi une étudiante à l'université de Bouzaréah. Reportage. Quelques jours à peine se sont écoulés depuis l'annonce des résultats décisifs de l'examen du baccalauréat et c'est déjà l'heure des préinscriptions. Hier, c'était le jour J pour les nouveaux bacheliers. À peine en ont-ils fini avec les révisions et les examens que les voilà face aux préinscriptions. Aussi importantes que les précédentes, celles-ci devraient être déterminantes pour l'avenir des futurs étudiants, car le choix de la filière et du chemin à prendre n'est pas une mince affaire. C'est le cas pour la jeune bachelière Amel B., âgée à peine de 18 ans. Pour elle, ce samedi 31 juillet “sera un jour déterminant” car c'est à partir de ce jour que son avenir sera fixé. Son souhait le plus cher c'est d'intégrer l'Ecole nationale d'administration. Celle des futurs cadres de la nation. Il est 9h tapantes. C'est l'heure pour Amel B. d'aller à l'université de Bouzaréah afin de déposer sa fiche de vœux. C'est un moment tant attendu pour cette jeune fille de franchir le seuil de l'université après de longues années de dur labeur et d'espoir. “C'est ça l'université ! Je ne l'imaginais pas ainsi, j'ai du mal à croire que je suis enfin là. J'espère Incha Allah que mon vœu sera exaucé et que j'accèderai à l'ENA”, s'enthousiasme-t-elle. “Depuis qu'on nous a remis la fiche de voeux, au lendemain des résultats, ce n'est qu'hier que j'ai rempli la mienne. Avec l'aide de mon père, j'ai passé toute la soirée pour cocher et sélectionner les numéros des filières qui pourraient éventuellement m'intéresser. Même si l'option de l'ENA était prise avant les résultats du bac”, affirme Amel. Elle avouera n'avoir pas fermé l'œil depuis qu'elle a récupéré son attestation du baccalauréat. Il faut dire que le choix de la filière stresse et inquiète les futurs étudiants qui valsent entre les différentes branches proposées. Pis, il y a le système d'orientation par ordinateur qui contrarie assez souvent, il faut le reconnaître, les rêves de nouveaux bacheliers. 920, un chiffre que Amel ne risque pas d'oublier : c'est le matricule de l'Ecole nationale d'administration, (économie et finances (ENA) de Ben Aknoun. Elle veut s'inscrire dans cette branche mais son dossier doit correspondre aux critères exigés par l'école. “J'ai eu une bonne moyenne, je peux accéder facilement au concours d'entrée, mais il y a aussi le facteur du nombre. Il paraît que cette école prendra une promotion de 100 étudiants seulement”, redoute-t-elle. Il est 10h 30, et il y a foule à l'amphi El-Bachir de l'université des sciences humaines de Bouzaréah. Des centaines de nouveaux bacheliers font la chaîne devant les guichets pour déposer leur fiche de vœux, pendant que d'autres finissent de remplir les fameux formulaires. “J'espère que l'orientation se fera selon mes trois premiers choix, car à partir du cinquième vœu, j'ai commencé à inscrire les filières les moins intéressantes”, estime-t-elle. Amel n'est pas la seule, dans ce parcours du combattant, à exprimer sa crainte quant au système d'orientation. “Je ne sais pas ce que je vais mettre en dernier. Je sais qu'ils peuvent me parachuter dans n'importe qu'elle filière sous prétexte qu'il figure sur ma fiche de vœux”, se lamente Mohamed. “Mon frère aîné s'est retrouvé en licence philosophie alors qu'il voulait faire sciences politiques. Je n'ai pas décroché mon bac avec une moyenne de 12 pour que je sois affectée dans n'importe quelle branche. Je veux m'inscrire en architecture”, lance-t-il sur un ton quelque peu menaçant. Effectivement, la plupart des nouveaux bacheliers redoutent l'orientation. Selon un enseignant de sociologie, plus de 50% des étudiants n'ont pas été affectés selon leurs quatre premiers choix. Parmi ces bacheliers, nous avons rencontré Aziz. Un jeune étudiant en première année de droit, l'ironie du sort ou de la sélection par ordinateur a voulu que cet étudiant, ayant à l'origine décroché un bac sciences se retrouve en droit. “J'ai toujours voulu faire vétérinaire et je me retrouve en sciences juridiques, l'ordinateur aura décidé pour moi. C'était mon sixième choix … c'est aberrant !” réplique notre interlocuteur. “Il est hors de question que l'intelligence artificielle décide à ma place alors que j'ai refait mon bac et que je l'ai décroché avec une moyenne de 14/ 20”, conclut-il. Bonne chance à Aziz et aux 220 000 autres bacheliers et bienvenue dans la vie universitaire. Demain est une autre paire de manches. N. A.