Les Rabah Kebir, Mourad Dhina et consorts risquent de perdre leur paradis, en attendant Haddam. À quelque chose malheur est bon, dit-on. L'Europe, jadis si prompte à ramasser l'activiste islamiste du coin qui commandite des attentats dans son pays d'origine et lui donne asile et assistance, se réveille enfin de son long sommeil. Elle a décidé désormais de chasser le diable auquel elle a offert, une décennie durant, confort, sécurité et impunité. Puis vint le 11 septembre. Les européens ont définitivement pris conscience que leur laxisme face à la menace terroriste et leur permissivité législative en matière d'asile politique ne peuvent plus s'accommoder de la naissance d'une stratégie internationale de lutte contre le terrorisme transnational. Paris, Londres, Berlin, Genève ont enfin compris. Tant mieux, même après un retard d'une décennie. L'organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui s'est réunie samedi à Porto (Portugal), a décidé de rompre avec la politique de “neutralité” très nuisible dont elle a fait preuve à l'égard de ces nombreux chefs terroristes ou apparentés qui écument le vieux continent. Des années durant, l'écho des cris de détresse de l'Algérie s'est perdu dans les travées des bureaux feutrés des gouvernements européens, nullement embarrassés par la présence, pourtant encombrante, des commanditaires des attentats en Algérie et ailleurs. Rabah Kebir, Mourad Dhina et consorts s'adonnaient à cœur joie à leur besogne de prédilection : l'incitation au meurtre des Algériens et la revendication des massacres. Impunément. En face, les dirigeants européens s'enferment dans leur démocratisme maladif, au nom d'une conception étriquée des droits de l'homme et de la liberté d'expression. Mais, la vérité est que nos voisins du nord ont laissé, consciemment, les mentors de l'islamisme armé se servir de leur territoire comme base arrière de la subversion terroriste sous toutes ses formes. Dès lors que ce phénomène ne les a pas touchés directement, les Européens, eux, sont restés longtemps sourds aux appels d'Alger. À présent, la donne internationale a changé avec cette prise de conscience mondiale de la menace que fait courir le terrorisme à tous les pays, fussent-ils les plus immunisés militairement. Les attentats qui ont secoué les Etats-Unis ont vite fait d'imposer cette triste réalité : les apôtres de Ben Laden sont capables de frapper où ils veulent, quand ils veulent et qui ils veulent. À menace totale, une riposte tout aussi totale. C'est dans cette veine qu'intervient cette charte adoptée par les pays de l'OSCE qui, il faut en convenir, marque la fin d'une époque, d'une hibernation, pour les Européens qui vont devoir maintenant redoubler de vigilance et échanger leurs informations pour débusquer les prêcheurs de la mort. C'est aussi la fin d'une “planque” pour les Kebir et Dhina, plus que jamais dans le collimateur de leurs pays d'accueil à partir desquels ils distillaient leur littérature subversive. Le nouveau dispositif législatif des pays européens n'offre plus, théoriquement, le droit de cité à ceux qui commanditent les crimes et les revendiquent devant les caméras des télévisions. Si tel est le cas, ce sera véritablement un paradis perdu pour nos chefs islamistes qui n'auront plus d'autres choix que de se taire, sous peine de subir… une extradition. En tout état de cause, les dirigeants européens doivent désormais balayer devant leurs maisons, comme le leur recommande l'OSCE, à juste titre d'ailleurs. Il était vraiment temps… H. M.