Voilà maintenant plus d'un mois que Mohamed Benchicou, directeur du quotidien Le Matin, est incarcéré arbitrairement et son appel suspendu sans perspective d'exercer ses droits de justiciable. Hafnaoui Ghoul, correspondant d'El-Djazaïr News, est quant à lui maintenu en prison depuis le 24 mai dernier et voit son appel transformé en une nouvelle condamnation d'un mois ferme. Malgré les nombreuses condamnations unanimes des sociétés et ligues des droits de l'Homme au plan international, malgré les appels pressants de personnalités politiques pour leur libération et les multiples manifestations et pétitions à travers le monde, le pouvoir algérien demeure insensible et fermé à toute perspective d'élargissement par un procès diligent et équitable. Cette situation, très inquiétante et insupportable, augure des jours encore plus sombres pour la presse algérienne dont Le Matin, suspendu de parution parce que l'entreprise publique d'imprimerie refuse l'échelonnement des échéances que le journal s'est engagé à honorer alors que d'autres journaux soumis au régime sont redevables de milliards au Trésor algérien. Harcèlements judiciaires, menaces, emprisonnements, fermetures en perspective des journaux indépendants : voilà le nouveau programme du président Bouteflika depuis sa réélection le 8 avril dernier ! Finis les discours et engagements pré-électoraux sur la démocratie, la liberté de la presse, servis pour berner les opinions et gouvernements occidentaux et redorer l'image d'un régime ingrat vis-à-vis de journalistes qui ont préservé, au prix de leur vie, le respect de l'Algérie à l'étranger, ces dix dernières années. Face à cette dérive absolutiste, nous appelons une nouvelle fois à la mobilisation de toutes les opinions démocratiques et de tous les élus politiques français et européens à utiliser tous les canaux et moyens qu'ils jugeront bons pour stopper la répression contre la liberté d'expression et sauvegarder le pluralisme démocratique en Algérie. Nous appelons à votre collaboration pour exiger la libération immédiate de Benchicou, Ghoul et Benaoum car la place de ces journalistes n'est pas en prison mais auprès de leur famille et de leur journal.