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AADL : un goût d'inachevé
Les premiers locataires protestent
Publié dans Liberté le 09 - 08 - 2004

L'agence s'est engagée dans une aveuglante course contre la montre au détriment du bien-être des acquéreurs.
La formule de la location-vente de logements, lancée à grands renforts médiatiques par l'Aadl a suscité un espoir fou chez les cadres moyens, soulagés enfin de pouvoir acquérir un appartement décent. Autant par les délais record de leur livraison que leur aspect esthétique, ces logements “pas comme les autres” ont fait rêver plus d'un Algérien. Au commencement était donc le soulagement. Mais ce soulagement a été éphémère. Le temps pour les “heureux” élus de découvrir le pot aux ronces… Constat in situ.
Beaucoup de dépit et énormément de mécontentements furent exprimés, parfois violemment, par les bénéficiaires juste après la réception de leurs clefs en juin. Mais ce n'est qu'un début, le meilleur, plutôt le pire, allait venir quelques jours après que les malheureux citoyens eurent pris leurs quartiers dans leur désormais nouvelle demeure. Et pour cause, les appartements “de rêve” qu'on leur a promis avec toutes les commodités modernes comme précisé dans le site internet de l'agence sont dépourvus du minimum vital pour une famille. Les structures flamboyantes qu'offrent aux yeux les tours de Ouled Fayet, de Gué-de-Constantine et celles de Bab Ezzouar contrastent terriblement avec l'état des lieux à l'intérieur des bâtiments caractérisé par l'absence quasi-totale des conditions de vie. Pas d'eau, pas de gaz, pas d'ascenseur. Voilà le lot de “commodités” que propose à ses clients l'Agence de promotion du logement depuis la remise “politique” des clefs. “Ja bek Rabbi khoya ; écrivez que nous vivons dans des conditions catastrophiques, ils nous ont largués ici sans rien du tout...” fulmine Djamel, jeune locataire qui en a visiblement gros sur le cœur. Pourtant, vue de l'extérieur, la cité Aadl où il habite à Ouled Fayet est un joyau architectural conçu par l'entreprise égyptienne Arab Contractors.
Ouled... faillite de l'AADL
“Figurez-vous, je n'ai ni eau ni gaz et même l'électricité est aléatoire. Ce n'est pas du tout ce qu'ils nous ont promis, j'aurais aimé attendre encore six mois avant d'emménager ici, car vivre dans des conditions pareilles est absolument insupportable”, tempête-t-il encore. Djamel résume à lui seul les lamentations des nouveaux locataires. Ici, tout est bricole. L'eau coule une fois tous les quatre jours, l'alimentation en électricité se fait à partir d'un groupe électrogène, et pour le gaz, les compteurs ne sont même pas installés. “Sachez mon frère que c'est moi-même qui ai payé les finitions, parce qu'à chaque fois que je signale des imperfections aux agents de l'Aadl, ils me conseillent de faire moi-même les travaux au risque d'attendre désespérément. Je ne me rends pas à mon boulot pour pouvoir suivre personnellement les travaux faute de pouvoir compter sur cette agence”. Fazia qui a remarqué de loin notre présence, se joint au groupe de protestataires pour verser son lot de “chikayate” sur cette Aadl jadis glorifiée aujourd'hui diabolisée. “J'habite au E3, il y a des logements qui ne sont même pas alimentés en électricité, alors que pour le gaz on se débrouille comme au bon vieux temps avec des bonbonnes”. La jeune femme est profondément déçue par cet envers du décor. “L'Aadl est absente ici, ses agents ne font que jeter la pierre sur les Egyptiens qui, il faut le reconnaître, ont fait un travail extraordinaire”. Et en plus d'être privés des prestations vitales, les habitants de certains bâtiments de cette cité courent un grand danger, surtout leurs enfants. En effet, les ascenseurs n'étant toujours pas installés, les bouches qui devraient les “accueillir” sont laissées béantes dans les halls des étages avec tous les risques de chute pour les enfants. Ces bouches d'ascenseurs ressemblent à des immenses trous noirs qui culminent jusqu'au neuvième étage. “Je suis adulte, mais cela me fait peur de voir ce trou devant ma porte ; le danger est réel mais les gens de l'Aadl ne semblent pas s'en inquiéter”, déclare Fazia qui regrette presque d'être venue habiter dans cette cité.
L'ascenseur : un immense trou noir !
À défaut d'obtenir l'installation de cette fameuse machine, les résidents ont eu recours aux moyens de bord en colmatant les portes d'ascenseur avec toutes sortes d'objets comme les planches et autres morceaux de métal.
À Gué-de-Constantine, les cris et lamentations des locataires se perdent dans le brouhaha des nouveaux commerçants qui installent leurs boutiques. Ici également, les habitants en ont eu pour leur crédulité. Si les façades externes des cinq immeubles construits par les Chinois ressemblent véritablement à ceux de la banlieue parisienne, il reste que les locataires ne trouvent pas toujours un verre d'eau à se mettre… dans la bouche. Mohammed, la cinquantaine bien remplie, sort de son bâtiment le pas incertain tenant dans ses mains deux bidons pour aller chercher l'eau quelque part… Un quelque part difficile à imaginer dans une cité située à proximité d'une autoroute, à plus forte raison quand on n'a pas de voiture. Et comble du paradoxe, pendant que Aâmi Mohammed trimballe péniblement ses jerricans, le jardinier arrose nonchalamment les fleurs plantées dans la cour de la cité, à l'aide d'un tuyau ! “Je ne comprends rien”, lâche-t-il franchement dégoûté pour un homme de cet âge. “Ils auraient dû attendre la fin des travaux avant de nous ramener ici dans ce chantier où il n'y a presque rien”, tonne-t-il. À Gué-de-Constantine, l'ascenseur existe, mais il fait des siennes… “Il y a une quinzaine de jours, un jeune a failli mourir dans l'ascenseur au 11e étage à cause d'une rupture brusque du courant électrique. Heureusement qu'on a entendu ses hurlements”, raconte encore le vieux résident. Quelques minutes après, deux hommes sortent de l'immeuble avec une bouteille de gaz. Et oui, là aussi, le gaz de ville reste un vœu pieux. “Ils n'ont même pas installé les compteurs, il y a juste la tuyauterie. Plus grave encore, les responsables du site ne nous ont même pas fixé une date pour l'installation du gaz, c'est navrant !”
Au site de Bab Ezzouar II, le constat est autrement plus inquiétant. Ici, les quatre bâtiments livrés semblent être définitivement oubliés. La cour de la cité ressemble à un terrain vague poussiéreux. Les blocs 6, 7, 8 et 9 sont pratiquement dans le même état qu'il y a deux années ! Et alors que la cité est dépourvue de toutes commodités, les responsables s'ingénient à placarder des affiches truffées d'interdits. Ici, le décor est détestable. Les chérubins sont contraints de jouer dans la poussière faute de l'aménagement de la plate-forme en goudron. Situé à 20 mètres de la centrale à béton, les locataires de cette cité non éclairée vivent sous un bruit terrible de la machine dont la poussière s'infiltre même à travers les interstices. Déçus, les habitants ne savent plus quoi faire. Ont-ils vraiment le choix ? Ils s'en veulent d'avoir avalé les promesses des dirigeants de l'Aadl.
Prestations zéro contre factures salées !
Ces paroles qui disent le dépit et la rancœur, vous les entendrez invariablement dans toutes les cités Aadl où les bénéficiaires ont élu domicile. Séduits, les malheureux habitants ont vite été abandonnés par les autorités en charge du programme qui ont aveuglément fait une course contre la montre au détriment du bien-être des citoyens. Pis, se sentant sérieusement roulés dans le béton, les bénéficiaires devront régler les premières factures salées de charges qu'ils n'ont vues que sur papier. Chassez le naturel, il revient au galop, l'Aadl a fini par reprendre les viles mœurs en vogue dans le secteur du logement en Algérie. Son élan s'est émoussé, et son souffle coupé juste après la livraison du premier quota, et dans quel état !
Curieusement, le ministre de l'Habitat semble être coupé de la réalité. Invité au forum de la télévision, Hamimid a presque accusé un journaliste de vouloir semer le trouble quand il l'avait interpellé sur les lenteurs dans les viabilisations. “Tous les sites livrés sont viabilisés !” a soutenu, sûr de lui, le ministre. Mais, il suffit de faire un tour dans les différentes cités pour constater la grande supercherie. Seul le site d'El-Achour est effectivement habitable dans la mesure où il ne manque de rien. Il est d'ailleurs curieux de constater que les caméras de la télévision se sont uniquement braquées sur ce site lors de la livraison de la première tranche. Pour le reste, il se dégage chez les locataires d'un mois, un amer goût d'inachevé.
H. M.


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