Le chef de la délégation soudanaise aux négociations de paix sur le Darfour a affirmé hier à Abuja (Nigeria), devant les représentants de l'union africaine (UA), qu'il n'était pas nécessaire que l'Afrique envoie une force de paix dans la région. Un pied de nez pour l'union africaine, qui n'arrive toujours pas à prendre ses nouvelles marques. L'UA s'était engagée à trouver une solution à cette question, mettant en œuvre les dispositifs dont elle s'est dotée, notamment son conseil de sécurité calqué sur celui de l'Onu. L'Union africaine se propose d'envoyer une force de paix de 2 000 hommes. D'autre part, les autorités du Soudan multiplient les gages de bonne volonté pour échapper à d'éventuelles sanctions de l'Onu. Le ministre des Affaires étrangères britannique, Jack Straw, est à Khartoum pour une évaluation de la situation sécuritaire et humanitaire au Darfour, prolongeant un ballet diplomatique qui y a vu se succéder depuis le début juillet le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, et plusieurs ministres européens. Khartoum est, depuis le 30 juillet, sous le coup d'une résolution du Conseil de sécurité lui accordant 30 jours pour rétablir l'ordre au Darfour et désarmer les milices pro-gouvernementales responsables d'exactions contre les populations sédentaires d'origine africaine. Le représentant du SG de l'Onu à Khartoum, Jan Pronk, doit présenter un rapport préliminaire mardi au Conseil de sécurité sur les dispositions prises par le Soudan pour répondre à ses exigences en matière de sécurité et d'acheminement de l'aide humanitaire aux sinistrés du Darfour. Annan doit présenter son rapport final au Conseil le 30 août, 24 heures avant l'échéance fatidique, à l'issue de laquelle des sanctions pourraient être prises contre Khartoum. Le ministre soudanais de la justice, Ali Mohammed Osmane Yassine, a écarté cette éventualité hier, en affirmant que le gouvernement a montré son sérieux dans l'application de la feuille de route convenue avec les Nations unies. Depuis une quinzaine de jours, Khartoum multiplie les gages et fait patte de velours pour échapper aux sanctions. Il a présenté une liste de 11 zones pouvant être sécurisées pour accueillir les déplacés et reconnu pour la première fois que des violations des droits de l'Homme, notamment des viols, avaient été commises au Darfour. Une liste de 30 miliciens djandjawids, présumés coupables de ces violations, a été confiée à la Commission des droits de l'Homme de l'Onu. Selon l'Onu, le Darfour compte actuellement 1,2 million de déplacés menacés de famine. La guerre civile a fait près de 50 000 morts depuis 18 mois. Khartoum et les deux mouvements rebelles du Darfour, le Mouvement pour la justice et l'égalité et l'Armée de libération du Soudan, devaient reprendre leurs négociations hier à Abuja (Nigeria) pour trouver une issue politique à la crise. D. B.