La période estivale semble être la plus propice à tout genre de trafic sur les produits de large consommation. Décidément, chaque année, durant la période estivale, des scandales sur la consommation des produits alimentaires et autres éclatent au grand jour. Intoxications, contrefaçon, aliments impropres… autant d'affaires qui défrayent la chronique durant l'été. Il ne se passe pas un jour sans que l'on ne signale dans telle ou telle région une alerte sur des dégâts provoqués par la consommation empoisonnante de divers produits. Ce phénomène continue à prendre des proportions alarmantes dans notre pays. L'absence de propreté dans les lieux de production, la bonne volonté de trafic, l'origine douteuse des aliments et des matières premières mis en vente pour les consommateurs sont essentiellement les raisons qui portent atteinte à la santé des citoyens. La contrefaçon devenue un acte illégal d'envergure nationale, voire une pratique qui a pignon sur rue, continue à faire des misères aux gouvernés et aux gouvernants. Les mesures réglementaires et institutionnelles drastiques prises par les pouvoirs publics semblent ne pas ennuyer outre mesure les trafiquants. C'est un fléau qui ronge plusieurs créneaux d'activité devant le regard soucieux mais impuissant de l'Etat. Ces derniers jours, des campagnes de publicité sont lancées dans la presse nationale par des opérateurs qui tiennent à défendre leurs produits contre cette dangereuse fraude. Après la pièce de rechange, les parfums, les ustensiles de cuisine… pour ne citer que ceux-là, c'est au tour des autres secteurs de subir le verdict des fraudeurs et des malfaiteurs. La gangrène a touché le créneau des boissons, notamment les eaux minérales. Mouzaïa en est la toute dernière victime. Ainsi, cette eau minérale gazeuse subit elle aussi le verdict de personnes malintentionnées. Commercialisée sous le label “Mouzaïa”, en bouteille de 25 centilitres de couleur verte, cette eau fait l'objet d'une concurrence déloyale. Quelques usines à part entière, estime le DG de l'entreprise de production des eaux minérales de Mouzaïa (EPEM), M. Yahia Chérif, “utilisent ces bouteilles pour vendre une eau d'origine douteuse gazéifiée en gaz carbonique industriel”. C'est au tour des boissons ! Selon ce responsable, ce sont quatre unités situées au Centre-Est et deux à l'Ouest du pays qui s'adonnent à ce type de trafic. Les dirigeants de ces usines utilisent la même bouteille et ne changent que l'étiquette et le bouchon pour mettre les leurs. Et le tour est bien joué… Comme c'est le seul emballage qui existe en Algérie concernant ce qui est appelé communément “Le Vichy”, le consommateur est facilement dupé. Il l'est davantage surtout dans les cafés quand le garçon de salle sert la bouteille ouverte c'est-à-dire sans bouchon. En termes plus clairs, il ne peut faire la différence entre la bouteille d'origine de celle contrefaite. Les fraudeurs récupèrent en outre ces bouteilles et les remplissent d'eau mélangée avec du gaz carbonique CO2. Le beau contenant y est, il ne reste que le contenu pour en faire une vraie eau minérale… Or, la vraie Mouzaïa est une eau minérale gazeuse qui contient un gaz carbonique naturel qui se dégage ; cette eau est produite à partir d'une nappe se trouvant dans la région de Mouzaïa, près de Blida. C'est une eau qui, selon des experts, dispose de vertus thérapeutiques reconnues et avérées. Le contenant existe, il ne reste que le contenu ! Elle est, en effet, conseillée pour les diabétiques et les malades souffrant de la vésicule biliaire et utilisée contre le paludisme… Devant pareil trafic qui représente un danger certain pour le consommateur, l'Epem a décidé aussitôt de déposer plainte à la justice. En attendant la décision du tribunal qui pourrait être liée à l'arrêt des activités de ces usines et à leur fermeture, l'entreprise a lancé une campagne publicitaire sur les quotidiens nationaux afin d'alerter l'opinion publique sur cette fâcheuse contrefaçon. “Nous conseillons à nos fidèles clients et consommateurs de vérifier en sus de la bouteille : la capsule bleue portant le sigle en blanc de notre entreprise, la date de fabrication et celle de péremption en noir, l'étiquette de fond vert comportant le sigle en couleur de notre entreprise et le label Mouzaïa écrit en vert (en arabe) et en rouge pour le français”, est-il mentionné dans le communiqué rendu public. La DG de l'entreprise qui relève du Groupe boissons d'Algérie (GBA), demande également à sa clientèle et aux consommateurs d'exiger du vendeur de montrer la bouteille fermée avant qu'il la leur propose à la consommation. Il est à noter que Mouzaïa est, pour le moment, estime M. Yahia Chérif, la seule et unique boisson contrefaite en Algérie. Son existence depuis des années a motivé le choix des malfaiteurs de par la facilité qu'elle recèle pour la contrefaçon. Cela s'effectue, faut-il le préciser, faisant fi de toutes les règles de commercialité notamment la loi qui vient d'être élaborée et mise en application par le ministère du Commerce dès le mois de juin dernier. L'Etat a procédé à une révision de la réglementation en la matière. L'ordonnance n° 03-06 du 29 juillet relative aux marques vient pour… tenter de mettre de l'ordre dans ce domaine. Cette ordonnance a pour objet de définir les modalités de protection des marques. Le titulaire d'une marque doit procéder à un enregistrement qui lui conférera le droit de la propriété sur les produits et services qu'il a désignés. Par ailleurs, EPEP compte mettre sur le marché de nouveaux produits en eaux minérales et sodas avec d'autres emballages d'ici le mois d'octobre prochain. Il s'agit entre autres du véritable Bitter Martinazzi dans sa formule d'origine et des sirops. B. K.