Selon une récente enquête nationale sur la population, le taux de mortalité infantile en Algérie est de 50 décès pour 1 000 naissances. 50% de ces décès sont causés par de mauvaises manœuvres (!) pratiquées sur le nouveau-né. Pour la mère, on enregistre 117 décès pour 1 000 naissances ! Au niveau international, les statistiques situent le taux de 3 à 6% des nouveau-nés qui nécessitent une réanimation, alors que 90% des nouveau-nés en détresse sont sauvés par une simple manipulation du ballon ou du masque à oxygène. C'est une situation extrêmement alarmante comme l'a reconnu très volontiers le Professeur D. Lebane du service de néonatalogie du CHU Mustapha d'Alger, venu diriger d'Oran un séminaire-atelier sur la naissance en milieu hospitalier les 9 et 10 décembre. Un constat grave que ne cache pas le ministère, puisque ce séminaire s'inscrit dans le cadre d'un programme national qui s'étendra jusqu'à 2006 et qui a pour objectif de remédier à cet état de fait. En plus de ces séminaires-ateliers qui s'adressent aux gynécologues, pédiatres et anesthésistes-réanimateurs et qui aura vu la participation et l'encadrement des ateliers effectués, entre autres, par un spécialiste de renommée, en l'occurrence le Professeur Francis Gold, chef du service de néonatalogie de l'hôpital Arnaud-Trousseau à Paris, le gouvernement a débloqué en urgence la somme de 3 milliards pour assurer l'équipement des maternités (il en existe 500 à l'échelle nationale). Cette somme vient s'ajouter à un appui technique et financier du Fonds des Nations unies d'aide à la population (Fnuap).Grâce à cet effort, les salles d'accouchement pourront être équipées du minimum requis et vital comme les kits de réanimation qui n'existent pas dans la majorité des salles d'accouchement de notre pays. Mais si cet effort financier et de formation vient à point nommé pour l'amélioration des conditions de prise en charge des nouveau-nés et donc de la mère, il est à signaler que “le mal” est surtout dû à l'absence totale d'organisation. C'est ce que ne cessera de répéter le Pr Lebane qui, pour rédiger le guide de base à ces séminaires, a parcouru de nombreuses maternités du pays. “Le taux de mortalité périnatale en Algérie témoigne plus d'un manque organisationnel que d'un manque de moyens”, dira-t-il. Est-ce à dire que, dans quelques années, la mère algérienne qui ira accoucher dans une maternité ne vivra pas cet événement au demeurant magnifique comme une violence et un traumatisme fait à son corps et à son enfant ? F. B.