L'organisation de Abdelmadjid Sidi Saïd, par le biais de sa commission femmes, défend le projet du gouvernement. Face à l'agitation grandissante des milieux islamistes autour de la révision du code de la famille, les pouvoirs publics répliquent selon une stratégie, de toute vraisemblance, minutieusement étudiée. Le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, a d'abord laissé entendre explicitement, lors d'une conférence de presse tenue à Constantine en marge de l'université d'été de son parti (du 26 au 28 août dernier), que les propositions d'amendements au code de la famille seront adoptés contre vents et marées ou plus simplement contre le gré des islamistes et des conservateurs. Le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, est sorti, à son tour, de sa réserve coutumière pour défendre avec verve la démarche du gouvernement, parrainée par le président de la République. Il a été même assez loin en opposant, officiellement, de par sa qualité de deuxième personnalité de l'Etat, une fin de non-recevoir au MSP, qui exige de trancher la question au cœur de la polémique par voie référendaire. Désormais, c'est au tour des puissants relais du pouvoir, de venir à la rescousse du gouvernement en soutenant ses propositions d'amendements aux dispositions du code de la famille, jugées discriminatoires et dévalorisantes pour la femme. Des amendements agréés, au demeurant, par les associations féminines qui font, depuis vingt ans, de cette revendication un sacerdoce. La commission nationale des femmes algériennes de l'UGTA, par la voix de sa présidente Soumia Salhi, affirme que “les modifications du code de la famille, projetées par le gouvernement, proposent de petites avancées des droits des femmes, notamment en ce qui concerne la conclusion du mariage, la vie du couple et les effets du divorce”. À l'instar des militants du mouvement féminin et des droits humains, la responsable syndicale traite les islamistes d'hypocrites, en ce sens qu'ils rejettent des amendements à la loi de 1984 au nom de la charia tout en tolérant des entorses flagrantes à la loi coranique dans d'autres domaines. “Quand il s'agit des femmes, on nous propose toujours la version la plus traditionaliste d'une législation religieuse rigide et immuable. Mais quand il s'agit de la loi de finances, on est prêt à s'adapter à l'évolution du monde”. Elle cite pour exemple le prêt avec intérêt, pourtant réprouvé par la charia, ou encore l'abandon de la pratique recommandée par le Prophète consistant à amputer la main du voleur ou trancher la langue du menteur. “Les progrès réels, promis sur la question du tuteur matrimonial et du logement de la femme divorcée, les petits pas annoncés concernant la tutelle sur les enfants et les restrictions imposées à la répudiation et la polygamie, nous intéressent ( …). Restons mobilisés”, incite Mme Salhi, au nom de l'UGTA. S. H.