La décision annoncée, hier, par le ministre de l'Education, Boubekeur Benbouzid, concernant l'obligation d'enseigner, désormais, les sciences et les mathématiques en langue arabe dans les écoles privées, est tombée tel un couperet sur les têtes des responsables des écoles privées de la wilaya de Tizi Ouzou. Le même sentiment d'indignation a été exprimé par les directeurs, les enseignants et les parents d'élèves contactés, hier, à ce sujet. Ces derniers estiment que “rien ne justifie l'obligation d'enseigner ces matières en langue arabe, d'autant que les études de ces matières se feront dans la langue française à l'université”. “Ce sont de purs prétextes politiques”, dira un responsable d'une école privée sise à Tizi Ouzou, étonné à l'annonce d'une telle décision. Pour celui-ci, ce n'est qu'une façon de mettre les bâtons dans les roues des écoles privées dont l'efficacité et la qualité de l'enseignement n'est plus à démontrer. “C'est un véritable ratissage qui est lancé à l'encontre des écoles privées qui s'inscrivent pourtant dans les grands pôles de la réforme éducative initiée par Benbouzid lui-même”, dira un autre directeur d'une des dix écoles privées de la même région avant d'ajouter: “nous n'avons rien contre l'enseignement de la langue arabe à laquelle d'ailleurs un volume horaire de 7h par semaine est consacré.” Un volume horaire qu'il estime déjà plus élevé que celui réservé à l'arabe dans l'école publique. Voulant aller au fond de la question de l'enseignement privé en Algérie, ce même responsable, qui a préféré répondre sous couvert de l'anonymat, soutient que contrairement aux rumeurs, l'école privée ne représente aucune menace sur la cohésion de la société. “Nous formons de futurs Algériens, avec tout ce que cela sous-entend comme valeurs et traditions, et non pas de futurs Français”, précisera-t-il. Une enseignante des sciences, dans la même école, attirera l'attention, quant à elle, sur l'impossibilité de se conformer à une telle décision en si peu de temps. “Nous n'avons ni les ouvrages nécessaires ni les programmes pour y répondre”, dira-t-elle, avant qu'une autre n'explique que les programmes enseignés jusque-là sont les programmes du CNED et que la préparation d'autres programmes nécessite beaucoup de temps. Pour un parent d'élève, c'est avant tout un sérieux problème d'adaptation qui se pose. “Nos enfants, qui se sont habitués à un enseignement des matières scientifiques en langue française, seront confrontés à de grandes difficultés d'adaptation à l'enseignement des mêmes matières en langue arabe”. En tout cas pour celui-ci, il n'est pas question, même dans le cas où les écoles privées seraient fermées, que ses enfants reprennent le chemin de l'école publique qu'il considère comme “défaillante”. “Avec les taux de réussite enregistrés, l'école privée a prouvé son efficacité et c'est pour cela que nous continuerons à la défendre”, dira-t-il excité. Un autre parent s'interroge par contre sur l'utilité de continuer de payer les cours dispensés dans une école privée si les programmes enseignés seront les mêmes que ceux des écoles publiques. Face à cette nouvelle situation, les directeurs des écoles privées de Tizi Ouzou ne comptent vraisemblablement pas baisser les bras. Ces derniers, qui se sont constitués depuis juin dernier en ce qu'ils appellent “le réseau des écoles privées” lié par la solidarité, se réuniront dans les tout prochains jours pour décider des actions à entreprendre. Certains d'entre eux acceptent même de rester dans la clandestinité plutôt que de se conformer à la décision de Benbouzid. S. L.