Si le chef du RND, qui se trouve être également celui du gouvernement, ne peut pas la lever en sa qualité d'initiateur du projet, on serait alors enclin à comprendre que c'est du Grand arbitre qu'il est attendu de le faire. Coincé par ses deux partenaires de la coalition et de l'alliance présidentielle qui l'ont enfoncé plus que soutenu dans le dossier sur le code de la famille, le Rassemblement national démocratique (RND) a réagi à sa propre périphérie dans ce qui s'apparente à une ultime et désespérée tentative de sortir de l'isolement. Ce jeudi, la section “Femme et solidarité” du parti a appelé à “lever l'équivoque sur ce projet et à l'expliquer à l'opinion publique en vue de barrer la route à ses pourfendeurs”. Par delà l'usage d'une sémantique ratiocineuse, l'appel du démembrement organique du RND trahit la fragilité d'une démarche qui n'a pas su ou pu se désengluer des marigots, des compromis frappés d'inconsistance. Cet appel, en fait, aggrave les doutes qui ne finissent pas d'accompagner un projet jeté en pâture, à l'état fœtal, à des nervis idéologiques qui veulent bien partager la mangeoire du pouvoir, mais sans renoncer à le décrier. Car le fond du problème, à suivre les “tribulations” des partis de la coalition, est moins dans cette épreuve prévisible du code de la famille que dans les fondements mal posés d'un regroupement dont les membres ne partagent pour tout programme que l'appartenance, nettement différenciée, au pouvoir. L'“équivoque” dont il est question mérite, certes, d'être levée, tout comme l'explication du projet à l'opinion publique peut présenter quelque intérêt. Mais, à ce stade, il faudra pourtant relever que les “pourfendeurs” auxquels il est fait allusion sont eux aussi animés d'un même souci de prendre l'opinion à témoin. Allant plus loin encore, ils proposent de la solliciter à travers un référendum. Quant à l'“équivoque”, si le chef du RND, qui se trouve être également celui du gouvernement, ne peut pas la lever en sa qualité d'initiateur du projet, on serait alors enclin à comprendre que c'est du Grand arbitre qu'il est attendu de le faire. Autrement dit, la question est renvoyée à la contingence du moment et du factuel en politique. Comme en football, un bon arbitrage pourrait être, ici, celui qui ne s'aligne sur aucune partie. A. H.