Le gasoil sera plus cher. Et la libre importation de véhicules de moins de trois ans est reconduite. “Le président de la République a instruit le gouvernement pour accompagner l'effort de l'Etat en matière de développement, par une progression résolue des démarches de privatisations et de partenariats, créateurs des richesses et d'emplois et pour aller de l'avant, sans hésitation, ni retard dans les réformes économiques et financières et dans la préparation des lois les accompagnant, telles que la loi sur les terres agricoles et la loi sur les hydrocarbures”. Cette précision est rapportée “noir sur blanc” dans le communiqué du Conseil des ministres, consacré au projet de loi de finances 2005. “Aucun conservatisme, ni aucune logique rentière ne freinera le mouvement de réformes et d'adaptation de l'économique algérienne aux changements requis”, a indiqué le président de la République. Hier, le ministre des Finances, au cours d'une conférence de presse, a expliqué, chiffres à l'appui la nécessité de ces réformes. Selon Benachenhou, la croissance pour les cinq prochaines années sera encore une fois tirée par les hydrocarbures, l'agriculture, les BTP et les services. Le talon d'Achille reste la croissance de l'industrie. L'argentier du pays pense que les réformes dans ce secteur sont insuffisantes. Or, il est convaincu que ce sont les effets d'une accélération des réformes du secteur public économique et financier qui élargiraient les opportunités d'investissement et permettraient de tirer profit des formidables opportunités financières qui s'offrent aux pays. C'est que les entreprises publiques, notamment dans les secteurs de la mécanique, textiles, électronique, agroalimentaire, produisent en permanence des déficits et auraient coûté, durant les dix dernières années, au Trésor public (mesure d'assainissement), la bagatelle de 26 milliards de dollars. Benachenhou affirme que ces entreprises sont structurellement malades. Du coup, le gouvernement souhaite impliquer et responsabiliser le Parlement donc les députés dans la prise de décisions concernant les dépenses de sauvegarde d'entreprises (subventions) en proposant une budgétisation de ce type de dépenses. Benachenhou estime que “sans partenariat, nous n'irons pas plus loin”. Pour lui, ce qui bloque le développement industriel en Algérie est le management. Il cite l'exemple des importations de matériaux de construction qui ont explosé au moment de l'application du Plan de relance économique. Cela veut dire que les entreprises locales n'ont pas pu les produire en Algérie. Selon la SGP Indjab (bâtiment), qui emploie 26 000 travailleurs ne renferme aucune entreprise qui soit capable à elle seule construire 1 000 logements, y compris Cosider. “Nous n'avons pas de capacités en management dans nos entreprises publiques et privées”, souligne le ministre des Finances. Benachenhou reconnaît que la dépense publique a supporté la part la plus importante de l'effort de l'investissement, soit 60% en moyenne. Mais, précise-t-il, la dépense publique ne peut pas continuer à supporter seule le poids de la croissance, compte tenu du niveau déjà très élevé, des risques de fragilité qui touchent les finances publiques et des capacités de réalisation locale. Il faut donc passer le relais au marché. Du coup, l'argentier du pays amorce la politique de la baisse des dépenses publiques, qui passeront de 37,5% du produit intérieur brut en 2005 à 30,5% en 2009. La masse salariale évolue trop vite Benachenhou pense que la masse salariale évolue trop vite. En 2005, la masse salariale publique a atteint 618 milliards de dinars. Plus de 50% des dépenses de fonctionnement. Elles représentent 12,7% des richesses nationales. “Peut-on aller plus loin ?”, s'interroge le ministre. Le gouvernement, dit-il, se penche avec beaucoup d'attention sur la question. Elle fera l'objet d'une discussion sérieuse avec les partenaires sociaux. Le point de vue du gouvernement est qu'il est acceptable que l'Etat protège le pouvoir d'achat des fonctionnaires. La meilleure façon de le faire est de lutter contre l'inflation. Et pour Benachenhou, cette lutte est un travail de tous les acteurs. Le ministre pense qu'il faut évoluer le pouvoir d'achat des fonctionnaires en fonction de la richesse réelle de l'économie, pas du prix de pétrole. La masse salariale publique souligne le ministre est devenue supérieure au produit de la fiscalité ordinaire. “C'est une situation intenable”, souligne Benachenhou. Ce dernier juge à travers des statistiques, le nombres de fonctionnaires trop élevé par rapport à nos voisins, notamment le Maroc (quasiment même taille de population). Une façon de prévenir l'UGTA pour qu'elle modère ses revendications. Le ministre des Finances précise, qu'il n'y aura pas de compression d'effectifs. Mais il travaille sur comment transformer cette quantité en qualité. Il dira au passage que la garde communale ne sera pas abandonnée, mais elle sera reconvertie. Le ministre des Finances précise aussi que l'excèdent financier des OPGI et des caisses d'assurances sera placé au niveau du Trésor public, à partir de janvier 2005. Le ministre parle aussi de la révision du statut du conseil d'administration des caisses pour, dit-il, permettre au représentant du ministère des Finances d'être membre. L'INTERDICTION SUR L'IMPORTATION DE VIN LEVEE En matière de disposition, le projet de loi de finances 2005 a introduit un article abrogeant l'interdiction d'importation du vin. Il prévoit un réaménagement de la taxe intérieure de consommation (TIC) sur le carburant, pour transformer le modèle de consommation actuellement en cours. C'est que, selon le ministre, le parc automobile en Algérie s'est diésélisé. L'Algérie ne produit pas assez de gasoil. Si la tendance actuelle persiste, l'Algérie sera dans l'obligation d'importer ce produit ou de construire une nouvelle raffinerie. Le gouvernement semble vouloir encourager la consommation de l'essence sans plomb et du GPL. Le gasoil sera donc à terme plus cher. Par ailleurs, le gouvernement n'a pas jugé utile d'interdire l'importation de véhicules de moins de trois ans. Concernant l'instruction d'Ouyahia interdisant aux entreprises publiques de déposer leurs fonds dans les banques privées, Benachenhou la justifie ainsi : “L'affaire Khalifa a blessé et saigné l'Algérie. Cette instruction est utile. Elle est néanmoins provisoire.” M. R.