Dans cet entretien, le syndicaliste revient sur les raisons qui ont poussé son organisation à lancer un débrayage. Liberté : Peut-on savoir pourquoi votre Fédération a initié le mouvement de grève ? Réda Aït Taleb : Nous avons une plate-forme de revendications que nous avons discutée en 2002, avec le ministère de la santé. à l'époque, nous avions dégagé deux points d'urgence : l'élargissement de l'indemnité d'intéressement à tout le personnel exerçant dans les structures de santé et de l'indemnité de contagion. Nous avions trouvé, par la suite, un terrain d'entente, concernant l'attribution de l'indemnité d'intéressement. Mais, le procès-verbal d'accord est resté lettre morte. Nous avons marqué un arrêt, à la suite du séisme de 2003, pour laisser les travailleurs accomplir leur devoir envers la population sinistrée. C'est en février 2004 que nous avons réintroduit le dossier auprès de la tutelle, en lui demandant de respecter ses engagements. L'arrivée du nouveau ministre de la Santé a été bénéfique pour les travailleurs, dans le sens où le volet de l'indemnité d'intéressement a été dégelé et il a été aussi procédé à l'application de l'indemnité de contagion. Mais alors où se situe le problème ? Le problème de l'indemnité de contagion a touché une partie minime du personnel. Quant à l'indemnité d'intéressement, elle n'a touché que certains paramédicaux. Le ministre s'est engagé, au lendemain de son installation, à faire bénéficier l'ensemble des travailleurs des deux primes. Une commission mixte a même été placée. La tutelle nous a ensuite proposé de cumuler les deux primes pour défendre un seul dossier. Nous avons accepté cette proposition, où le taux de l'indemnité varie entre 4 000 à 5 000 DA. Nous avons tenu plusieurs réunions avec la tutelle et constaté des lenteurs dans la prise en charge du dossier. Nous avons alors organisé une conférence nationale des secrétaires généraux des sections syndicales des hôpitaux qui ont décidé de recourir à une grève générale et illimitée, qui a débuté le 3 juillet dernier. Le ministère de la Santé s'est-il rapproché de votre Fédération ? Pendant les deux jours de grève, la Fédération s'est réunie avec la tutelle, en présence du ministre. Ce dernier nous a promis que le dossier sera transmis au niveau de la commission ad hoc, qui est composée de la direction générale de la Fonction publique et les représentants des ministères des Finances et de la Santé. Le 4 juillet, nous avons gelé notre grève et laissé le temps au ministère pour l'envoi du dossier. Deux mois après, aucune réponse ne nous a été donnée. Le 12 septembre, sur demande de la tutelle, nous avons tenu une réunion au ministère de la Santé. Mais, une fois de plus, aucune réponse ne nous a été communiquée sur l'évolution du dossier. Nous avons alors réuni notre commission nationale chargée du suivi du dossier. La décision a été prise, celle de reprendre le mouvement de grève, à partir du dimanche 26 septembre. M. Aït Taleb, pourquoi continuer le débrayage, alors que le ministère vous a tendu la main le 27 septembre ? Ce jour-là, la tutelle nous a invités à nous réunir ensemble. Mais, cette rencontre n'a rien apporté de nouveau. Nous avons rédigé un communiqué, ce mercredi, dans lequel nous disons que la rencontre du 27 septembre n'a apporté aucune avancée palpable. Nous disons aussi que le bureau fédéral et la commission nationale ont décidé de poursuivre la grève. Je tiens à préciser que la tutelle a ficelé le dossier et l'a envoyé dans les délais à la commission ad hoc, avec les accords conclus. La balle est maintenant dans le camp de la commission ad hoc. H. A.