Trente millions d'humains souffrent du fait de la dégradation des déserts à travers le monde. Ce patrimoine commun de l'humanité est exposé à l'agressivité de l'homme tant et si bien que l'état des lieux est aujourd'hui loin de prêter à l'optimisme. C'est ce constat amer, comme l'a souligné le ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, M. Cherif Rahmani, qui justifie la naissance de la “Fondation Déserts du Monde” dont il est le président. “Elle est le produit d'un long processus et bénéficie du soutien de l'UNESCO, du programme des Nations unies et du Fonds mondial de l'environnement”, a déclaré M. Rahmani qui a précisé que cette initiative trouve son origine dans une décision issue du Sommet de la Terre de Pékin de considérer le désert comme un problème global, au même titre que les océans. Cette institution qui se veut une ONG internationale indépendante et dont les membres fondateurs viennent de tous les pays a donc pour mission d'œuvrer pour un développement durable en luttant contre la désertification et en finançant des projets de développement des populations des déserts notamment. Personne n'ignore que le réchauffement climatique de la planète induit une désertification qui touche de nombreux pays dont l'Algérie, mais sachons aussi que l'exploitation des ressources minières et pétrolières ainsi que l'exploitation effrénée de la ressource en eau constituent une menace pour l'écosystème désertique. Cet aspect de la dégradation des déserts a été souligné par M. Rahmani qui a mis l'accent sur les effets néfastes de l'économie de marché dans laquelle ceux-ci ont “basculé”. “Les compagnies pétrolières et minières s'installent et les oasis reculent”, a-t-il affirmé, ajoutant en ce qui concerne le Sahara algérien que, de 3 millions d'habitants actuellement, celui-ci passera à 5 millions d'âmes dans 20 ans. “L'urbanisation agresse et clochardise le désert”, a-t-il mentionné. Plusieurs actions de sensibilisation seront entreprises à travers le monde parmi lesquelles une méga-exposition dont la première partie, de Mme Farida Sellal, a été inaugurée hier. Le sort des déserts du monde semble en tout cas concerner beaucoup de monde puisque des stars et des personnalités internationales seront associées à ces actions. Interrogé sur ce qu'il peut apporter à la sauvegarde des déserts en sa qualité de membre du comité de parrainage, M. Jean Daniel, le directeur du Nouvel Observateur, nous a répondu que son soutien est médiatique. ”Il ne faut pas oublier que j'exerce un métier particulier. Interpeller la communauté internationale est un bien grand mot, mais je vais attirer son attention”, nous a-t-il déclaré, tout en se disant séduit et impressionné par le fait d'être sollicité pour un tel objectif. Signalons que l'année 2004 sera consacrée “année des déserts”. R. M.