L'ombre de la grève, qui plane déjà sur les universités, ne fera qu'envenimer une situation déjà difficile. Le coup d'envoi d'une rentrée universitaire pas comme les autres est donné cette matinée. 750 000 étudiants dont 220 000 nouveaux inscrits rejoignent les campus dans des conditions particulièrement difficiles. Le ton et les discours rassurants du premier responsable du secteur sont loin d'être convaincants. Les multiples contraintes que la tutelle et les chefs d'établissement du supérieur ont tenté de gérer pendant tout l'été, sacrifiant même leurs congés, ne peuvent être balayés par de simples propos optimistes du ministre. La réalité et la situation des campus contrastent avec l'optimisme exagéré de Harraoubia. Il est vrai que l'Université algérienne n'est pas à sa première rentrée sur fond de problèmes. Mais l'appréhension, cette année, est beaucoup plus forte en raison des nouveaux problèmes qui se sont greffés à ceux qui revenaient à chaque rentrée. Les solutions annoncées en grande pompe par les ministres de l'enseignement supérieur et de l'habitat ne semblent pas suffisantes pour contrecarrer le sérieux déficit en matière d'hébergement. Après avoir puisé dans les logements sociaux, la tutelle n'a pas trouvé mieux que de louer des chalets pour les étudiants. Pas moins de 188 chalets situés à Ouled Fayet seront transformés en résidences universitaires. La décision a été prise à deux semaines de la rentrée universitaire. Ce qui veut dire que les travaux de réaménagement et autres transformations en vue de “réadapter” ces chalets à leur nouvelle vocation ne seront pas finis à l'arrivée des occupants. Une situation qui leur causera bien des désagréments. Le même scénario risque de se reproduire au niveau des logements sociaux. Plusieurs contraintes allant dans ce sens ont été soulevées par des recteurs lors d'un récent regroupement au siège de la tutelle. La nécessité d'équiper ces nouvelles CU d'une administration et d'un restaurant s'annonçait très difficile pour certains chefs d'établissement. Mais en dépit de leurs doléances et appréhensions, le ministre de l'enseignement supérieur a exhorté les œuvres universitaires “à caser tous les étudiants dans de bonnes conditions et avant le 10 octobre”. Ce qui relève de l'impossible. Les contraintes d'hébergement causeront, à coup sûr, des difficultés de transport. De nouvelles lignes devront être ouvertes au niveau des “nouvelles” résidences universitaires. Ce qui est loin d'être chose facile, également, pour un secteur dont le transport a toujours été une contrainte. Pour rester toujours dans le chapitre des nombreuses contraintes, il y a lieu de citer le manque d'encadrement qui a contraint les responsables à se tourner vers des enseignants étrangers en leur proposant des salaires faramineux. Un tel engagement ne manquera pas de soulever le courroux des enseignants qui se battent depuis des années pour un salaire adéquat. Les autorités donneront aux enseignants, qui sont déjà sur le pied de guerre, une raison supplémentaire pour passer à l'action et appeler à un mouvement de grève. Le CNES a déjà donné le ton en suggérant aux différents instituts de tenir des AG en vue de débattre d'éventuelles actions à mener sur le terrain pour faire aboutir leurs éternelles revendications. Pour le Snapap de l'université de Tizi Ouzou, la question est déjà tranchée. Un appel à une grève illimitée, à compter d'aujourd'hui, a été lancé à la mi-septembre. La perturbation n'est pas à écarter au niveau des universités. Une rentrée universitaire “dans de bonnes conditions et sous de bons auspices” qu'a promis Rachid Harraoubia ne peut être possible avec de tels ingrédients. Elle est plutôt explosive. M. B.