La corporation appelle à un examen sérieux des marges des officines en cas d'application de la politique de promotion du générique. “Le processus de privatisation des agences de l'Endimed n'est pas à l'arrêt, il est en voie de finalisation”, a souligné le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, M. Mourad Redjimi, à l'ouverture des journées internationales pharmaceutiques organisées par le Syndicat national algérien des pharmaciens d'officines (Snapo). Le ministre, en fait, a répondu à l'interpellation du président du Snapo, M. Messaoud Belambri, qui, dans son intervention, soutient que conformément aux orientations du gouvernement, les agences Endimed devaient être cédées à des professionnels du secteur, en d'autres termes à des pharmaciens. L'Etat se désengage de la vente au détail au niveau de tous les secteurs. “À ce jour, et les rapports des différents ministères, le prouvent, le processus de privatisation des agences Endimed est interrompu”, soutient M. Messaoud. Seules environ 200 agences sur 1 200 ont été vendues. Le président du Snapo affirme que l'Endimed “procède à la création de nouvelles agences pharmaceutiques alors que la loi ne le permet pas”. Pour le Snapo, “le coût du médicament doit faire l'objet d'une rationalisation à tous les niveaux et non pas seulement par des restrictions qui se limiteraient au niveau de la marge bénéficiaire du pharmacien comme cela a toujours été le cas jusqu'à présent”. Des études de l'OMS, souligne-t-il, démontrent que des organismes pouvaient payer les médicaments jusqu'à deux fois le prix pratiqué sur le marché mondial. Plusieurs autres études sur le prix de détail des médicaments essentiels ont montré d'importantes variations entre les pays. Il s'est avéré que le prix de détail de plusieurs médicaments essentiels était plus élevé dans les pays en voie de développement d'Afrique et d'Amérique latine que dans les pays industrialisés riches. C'est notamment pour cette raison que le Snapo a toujours proposé que le tarif de référence soit appliqué à l'importation et non pas à la vente au public. Economiquement, l'officine se trouve dans une situation délicate et instable. Il y a un consensus général pour la nécessité de la révision des marges bénéficiaires. Ces marges, qui font ces jours-ci l'objet de discussions entre différents départements ministériels, sont une question décisive pour l'avenir et l'économie de l'officine. Il est aussi admis que la grille servant de calcul aux marges et qui est appliquée depuis 1997 doit être revue et actualisée, car ce système pénalise lourdement les pharmaciens d'officine, et ce, notamment après les augmentations successives des prix des médicaments entraînant automatiquement une chute brutale et importante de la marge moyenne du pharmacien. En une année (de 2002 à 2003), le prix moyen de la boîte de médicament vendu en officine en Algérie est passé de 199 à 225 DA. Cela s'est répercuté directement sur la marge bénéficiaire du pharmacien qui a chuté vers une moyenne de 23% alors que cette marge était de 40% dans les années 1990. Actuellement, plus de 50% des produits vendus en officine sont situés dans le palier de marge de 20%. Le système de marge qui sera adopté devra assurer au pharmacien une marge décente lui permettant de faire face à toutes les contraintes financières rencontrées et lui permettant d'assurer un service à la hauteur de ses compétences et de la noblesse de sa profession. Ce système devra encourager l'option du médicament générique, et ceci devrait être accompagné par la mise en place d'un “Répertoire du médicament générique”. Le ministre affirme que la nouvelle politique de santé sera bientôt présentée à l'APN. Cette politique vise la promotion de la production locale et l'utilisation du générique. M. Mourad Redjimi rassure aussi les pharmaciens quant à la marge qui sera, souligne-t-il, attractive. M. R.