Lors de cette séance de questions orales, les députés islamistes ont occupé la scène. Ainsi, selon un élu d'El-Islah, l'invasion des criquets est une punition divine contre la consommation d'alcool. Les partis politiques d'essence islamiste, le MSP et El-Islah en l'occurrence, ont encore une fois utilisé la tribune de l'APN pour marquer davantage leur existence sur la scène médiatique. Ils ont, ainsi, réussi à dominer la plénière consacrée, hier, aux questions orales. À un député d'El-Islah qui s'inquiétait de l'ampleur du phénomène d'évangélisation dans notre pays, le ministre des Affaires religieuses a assuré que ces pratiques existent, depuis longtemps, dans certaines régions considérées comme zones de transit. Il a cité les villes d'Adrar, Tamanrasset, Tizi Ouzou et Béjaïa. La réponse de Bouabdallah Ghoulamallah n'aurait suscité aucune équivoque s'il n'avait pas accusé les partis prônant la laïcité et les archs d'encourager l'évangélisation. Il a dit que les jeunes désemparés, cherchant à obtenir des nationalités étrangères, constituent des cibles privilégiées pour les promoteurs du phénomène. Un autre élu islamiste a interpellé le ministre des Affaires religieuses sur le laxisme affiché face à la fabrication et à la consommation des boissons alcoolisées. Le représentant du gouvernement a expliqué que le rôle de son département est de sensibiliser les citoyens à travers des prêches dans les mosquées. “Nous ne pouvons empêcher personne de consommer l'alcool s'il le souhaite”, s'est-il justifié avant d'admettre que les débits de boissons ont été effectivement ouverts dans des quartiers à grande densité populaire, en violation de la réglementation en vigueur. Il a rejeté la faute sur le premier magistrat de la wilaya, auquel incombe la responsabilité de réguler l'implantation des bars. Le parlementaire a repris la parole pour dire que l'invasion des criquets est une punition divine contre la consommation des boissons alcoolisées et la cession de vignobles au comédien français Gérard Depardieu. Quelques instants plus tard, le ministre de l'Agriculture, Saïd Barkat, a rétabli, avec un certain humour, la vérité en spécifiant que l'invasion acridienne n'est qu'une catastrophe naturelle. “Au départ, le département de l'Agriculture se chargeait seul de la lutte contre les criquets. Mais depuis le mois de juin, d'autres secteurs nous aident dans cette tâche”, a indiqué M. Barkat. À ce titre, quelque 120 000 hectares sont traités quotidiennement, contre 10 000 ha avant le début de l'été. “Nous avons pu protéger, en conséquence, une production estimée à 107 milliards de dinars.” Selon le ministre, l'Algérie devra faire encore face à ce fléau pendant six ans. L'élu d'El-Islah, Hassan Aribi, a rejoint sa place dans l'hémicycle Zighoud-Youcef avec la ferme volonté d'en découdre avec le ministre chargé des relations avec le Parlement, mandaté par son collègue des finances de répondre à la question portant sur l'épineux dossier de l'exportation des déchets ferreux et non ferreux. Hassan Aribi a affirmé détenir des preuves sur les auteurs de ce trafic qui aurait permis une exportation frauduleuse de 7 milliards de dollars, entre 1994 et 2000. Il a accusé, sans détour, la direction actuelle des douanes qui aurait étouffé l'affaire alors que la commission interministérielle, installée par le président de la République, avait confirmé les faits. Des poursuites judiciaires auraient alors été engagées contre un groupe identifié d'exportateurs. “Ces personnes, condamnées à payer chacune, une amende supérieure à 30 milliards de centimes, ne sont plus inquiétées”. Le député est allé plus loin dans les révélations, en soutenant qu'un Israélien, dont il a exhibé une photocopie du passeport, a tissé un réseau de jeunes Algériens, possédant un registre du commerce, dans des exportations illégales de déchets ferreux et non ferreux. Le membre du gouvernement a estimé que le mouvement frauduleux des capitaux, évalué par Hassan Aribi à 7 milliards de dollars est “faux et irréaliste”. Il a ajouté : “Si l'Etat a la possibilité d'engranger autant d'argent en dehors des exportations des hydrocarbures, il se serait contenté d'exporter des déchets ferreux et non ferreux.” Il a annoncé, par ailleurs, que l'étranger, dont parle le député, est en fait un Palestinien porteur d'un passeport israélien. Il a été arrêté par les services de sécurité algériens. “Sur l'implication des douanes dans cette affaire, c'est la justice qui tranchera”, a terminé le ministre. S. H.