Une conférence intergouvernementale se tiendra à Alger cette fin de semaine. Des représentants de l'UE, de l'Otan, d'Interpol et des Etats-Unis y prendront part. Les derniers attentats en Egypte montrent que l'Afrique constitue, non seulement un vivier pour les terroristes, mais leur terrain de prédilection. Des années après le génocide à huis clos qui a ciblé l'Algérie, Oussama Ben Laden a jeté les bases d'une multinationale terroriste dans le continent noir en y perpétrant le premier attentat d'envergure anti-US. C'était en septembre 1998 en Tanzanie. Depuis, Al-Qaïda et ses appendices locaux sèment la terreur partout en choisissant des contrées qui, à l'instar du Maroc, de la Tunisie… étaient réputées pour être des havres de paix et des destinations touristiques de choix. La porosité des frontières en Afrique, la complicité des autorités tribales, la désorganisation et l'amateurisme des services policiers favorisent les infiltrations des terroristes et leur implantation dans des zones de non-droit. En témoignent les pérégrinations du GSPC algérien (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) en Afrique subsaharienne et dans la région du Sahel où se trouve l'un de leurs chefs, Abderazak El-Para, actuellement détenu par des rebelles tchadiens. La difficulté qu'a le gouvernement algérien à “récupérer” El-Para d'un pays en guerre, son hésitation, par ailleurs, à rouvrir les frontières avec le voisin marocain, en proie à une montée de l'intégrisme sans précédent, illustrent la solitude de chaque pays dans sa lutte contre l'hydre tentaculaire. D'où l'initiation impérieuse d'un front commun. L'idée a germé, il y a cinq ans, lors du sommet de l'Union africaine à Alger. L'engagement solennel des chefs d'Etat de l'ex-OUA s'est matérialisé en 2002 dans le cadre d'un plan d'action dit d'Alger. Ce plan avait été adopté au terme d'une première réunion intergouvernementale d'experts de haut niveau. La seconde réunion se tiendra cette semaine. Elle se déroulera également à Alger. Pendant deux jours, mercredi et jeudi, des membres de gouvernement, les ministres de l'Intérieur notamment, des officiers militaires et de la police ainsi que des experts de plusieurs Etats africains s'entretiendront au Palais des nations (Club-des-Pins) sur la stratégie à adopter pour que chaque pays cesse d'être une base arrière pour son voisin. Jusqu'à hier, une quarantaine de chefs d'Etat ont confirmé leur participation à cette rencontre. La présence emblématique du Tchad sera rehaussée par l'envoi d'une délégation d'experts. Compte tenu de son retrait de l'UA et de ses relations très conflictuelles avec l'Algérie, le Maroc sera, en revanche, absent à ce rendez-vous important. Pour leur part, l'Union européenne et les Etats-Unis comptent bien saisir cette opportunité pour faire écho de leurs propres besoins. Leur implication est justifiée à plus d'un titre. Souvent, leurs ressortissants et leurs intérêts sont visés par les frappes terroristes. Régulièrement, les auteurs des actions perpétrées sur leurs territoires font partie des contingents venus d'Afrique. D'où l'intérêt manifesté par plusieurs organisations comme Interpol et l'Otan (Organisation de l'alliance Nord-Atlantique) qui ont dépêché des représentants à Alger. Côté algérien, le clou de cette “grand-messe” sera assurément l'inauguration mardi par le président de la République du Centre africain de recherche dans la lutte antiterroriste, sis à Mohammadia. À quoi servirait un centre de recherche ? se demanderont les plus sceptiques en l'absence d'une volonté réelle des Etats à accorder leurs violons. Dans un continent où le tracé des frontières fait toujours l'objet de querelles et où les coups d'Etat sont orchestrés par le voisin, la coordination des efforts pour vaincre le terrorisme relève presque d'une utopie. À moins que l'Europe et l'Amérique l'exigent. L'implantation de bases militaires sur le continent noir, dans le Sahara notamment, fait partie d'ailleurs de la stratégie de Washington. S. L.