Selon le ministre, l'absence de moyens de surveillance chez certains de nos voisins favorise les infiltrations de terroristes. Deux ans après l'adoption à Alger du plan d'action africain de lutte contre le terrorisme, nombre de ses résolutions sont restées lettre morte. Les clauses audacieuses de ce programme d'envergure prévoyaient l'alignement des législations nationales sur un modèle commun de lutte contre le terrorisme et l'harmonisation des stratégies adoptées par chaque pays. La mise en place de principes d'extradition figure parmi les stipulations les plus importantes. Or, de l'aveu même du coordinateur de cette action, nombreux pays demeurent en marge des engagements pris. Dans une conférence de presse, tenue à la veille de la seconde conférence intergouvernementale sur la lutte antiterroriste en Afrique, Abdelkader Messahel s'est bien tenu de faire le bilan de la mise en œuvre du plan d'Alger. Il s'est contenté d'affirmer que les pays membres de l'Union africaine, ayant ratifié le pacte (une quarantaine), ont été destinataires, ces derniers jours, d'une correspondance leur demandant d'établir des rapports sur ce qu'ils ont entrepris comme actions depuis septembre 2002. Il y a deux ans, ils scellaient à Alger une union sacrée contre le terrorisme. Mercredi et jeudi, ministres, magistrats, officiers de police et de l'armée du continent se retrouveront une nouvelle fois dans la capitale algérienne afin d'évaluer les fruits de leur alliance. Selon notre ministre délégué aux Affaires maghrébines et africaines, la réunion sera de haute facture eu égard à la qualité des invités. Outre les experts africains, des représentants de pays et d'organisations outre-méditerranéennes et atlantiques sont attendus. Abdelkader Messahel évoque des “messieurs terrorisme” de pays comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, l'Italie, l'Autriche, l'Argentine, la Belgique, la Turquie et des organisations telles : l'OTAN, l'OSCE, l'Office des Nations unies pour la lutte contre la drogue et son Conseil de lutte contre le terrorisme ainsi qu'Interpool. La présence de spécialistes venus d'Europe et des Etats-Unis est motivée par l'impérieuse nécessité d'asseoir un partenariat international. Une partie des travaux de la Conférence africaine sera d'ailleurs consacrée à cette question. Les débats connaîtront un intermède avec l'inauguration d'un centre de recherche à Mohammadia par le président de la République. Dans un fascicule transmis aux journalistes, le centre est défini comme un outil de veille et d'alerte visant “la centralisation des informations sur le terrorisme et le développement de programmes de formation”. Il reste maintenant à trouver les moyens financiers lui permettant d'assurer ses missions. L'argent, dans un continent aussi pauvre, pose malheureusement problème. Au-delà des considérations de politique intérieure qui pourraient compromettre l'élaboration d'une stratégie d'ensemble contre le terrorisme, la pauvreté de nombreux Etats constitue un second obstacle. Mais l'Algérie, sans doute parce qu'elle a payé un lourd tribut dans son combat contre le terrorisme, continue à militer avec ferveur pour une offensive continentale. L'élaboration sur son territoire d'une charte, lors du sommet de l'Union en 1999 et du plan d'action en 2002, ainsi que l'accueil pour la seconde fois consécutive d'une conférence d'experts, sont les témoins de son activisme. “Le choix porté sur notre pays témoigne de la reconnaissance de l'Afrique des efforts qu'il a fournis dans la lutte contre le terrorisme”, préfère dire Messahel. S. L.