Liberté : Quelles sont les dernières nouvelles en provenance de Ghardaïa ? Ali Laskri : Au moment où je vous parle, il y aurait plus d'une cinquantaine de jeunes arrêtés et six autres sous le coup du mandat d'arrêt. Onze personnes doivent également comparaître ce matin devant le tribunal de Ghardaïa. On est donc tenté de dire que la situation va de mal en pis, en ce sens que nous ne comprenons pas cet acharnement des autorités sur des citoyens qui n'ont fait que réclamer leurs droits. Alors qu'ils voulaient simplement être reçus par le wali pour protester contre les dépassements de la commission de contrôle des prix, des commerçants ont été embarqués d'autorité et de manière musclée juste devant le siège de la wilaya où ils observaient un sit-in. Et parmi ces gens arrêtés, il y a bien évidemment des militants de notre parti et des membres de la Laddh. Cette affaire est très sérieuse. Elle est aussi très grave et risque de déraper à tout moment. Nous suivons à la minute le développement de la situation. Au FFS, nous sommes très inquiets, d'ailleurs aujourd'hui même, nous avons envoyé une délégation à Ghardaïa pour défendre les citoyens arrêtés et pourquoi pas, tenter de trouver des solutions avec les autorités. Est-ce que vous avez pris des initiatives ? Bien sûr, en plus de cette commission que nous avons dépêchée d'Alger, il y a là-bas le Dr Naït Abdellah Fekhar qui représente le FFS et qui, soit dit en passant, est parmi les personnes sur lesquelles pèse un mandat d'arrêt. Aussi, je vous informe que notre parti a adressé des correspondances à toutes les chancelleries occidentales accréditées à Alger et la société civile algérienne en vue de les sensibiliser sur les dépassements vécus par nos concitoyens de Ghardaïa. Une chose est certaine, le FFS sera solidaire des victimes et de leurs familles. Y a-t-il un risque d'affrontement intercommunautaire, connaissant la structure sociologique de Ghardaïa ? Pour l'instant ce n'est pas le cas, et j'espère que la situation ne dégénérera pas. Cependant, si pour l'heure le problème est strictement économique, les choses peuvent déraper à tout moment. C'est pour cela que je dis que c'est très sérieux. H. M.