Les Etats-Unis ont estimé lundi que la Tunisie n'avait “pas utilisé tout son potentiel” en matière d'ouverture politique, après l'élection présidentielle de dimanche remportée par le président sortant Zine El Abidine Ben Ali avec 94,48% des voix. “Nous sommes inquiets du fait que la Tunisie n'a pas utilisé tout son propre potentiel”, a déclaré le porte-parole adjoint du département d'Etat Adam Ereli. “Nous allons continuer de faire pression pour des réformes politiques et pour le respect des droits de l'homme” dans ce pays, a-t-il ajouté, en estimant que “les possibilités de participation dans ce processus n'ont pas été exactement ce que nous avions espéré”. M. Ereli a toutefois insisté sur la “longue amitié” entre Tunis et Washington et mis en exergue les progrès réalisés par ce pays, considéré par les Etats-Unis comme l'un de leurs principaux alliés dans cette région. “La Tunisie a ouvert avec succès de nombreuses perspectives au fil des ans en matière de réformes économiques, d'éducation et de droits des femmes. Nous souhaitons qu'elle en fasse de même dans le domaine de la participation politique”, a-t-il déclaré. Un haut responsable américain, parlant sous le couvert de l'anonymat à des journalistes, s'est quant à lui montré plus mordant à l'égard du manque de libertés politiques en Tunisie. Ces élections ont été marquées par “de graves défaillances”, a affirmé ce responsable du département d'Etat, en estimant qu'“il n'existe pas de véritable espace politique permettant à une opposition significative de s'exprimer”. “Il y a des restrictions sur la possibilité de s'exprimer, sur la possibilité de mener des activités politiques indépendantes, sur l'accès aux médias, il y a aussi des intimidations, du harcèlement”, a-t-il ajouté. De son côté l'Union européenne a pris acte lundi des résultats des élections présidentielles et législatives du 24 octobre en Tunisie, et félicité le président Benali pour sa réélection. Dans une déclaration rendue publique lundi, la présidence néerlandaise de l'UE a félicite M. Ben Ali pour son nouveau mandat “et se félicite de ce que les électeurs aient eu le choix entre plusieurs candidats à la présidence, comme cela avait été le cas en 1999, lors de la première élection présidentielle”. L'UE observe, cependant, que le processus ayant conduit aux élections du 24 octobre n'a pas offert des chances égales à tous les candidats. D'une manière générale, considère l'UE, “une liberté d'expression et d'association plus complète contribuerait à consolider les étapes franchies précédemment sur la voie d'une démocratie ouverte, multipartite et représentative. L'Union européenne encourage les autorités tunisiennes à continuer d'améliorer le cadre des élections et à prendre les mesures nécessaires pour faire en sorte que les prochaines élections respectent pleinement les normes internationales”. R. I.