Nos lecteurs l'auront constaté, Liberté connaît depuis quelque temps des retards à la parution tels qu'il n'est disponible en kiosque qu'à une heure avancée de la matinée. Il se trouve précisément que, hier encore, nous avons été contraints de procéder à une réduction drastique du tirage à l'imprimerie de la SIA dont nous sommes l'un des plus grands clients avec un tirage quotidien habituel de 100 000 exemplaires. Comment, en effet, faire l'économie d'une telle décision quand le journal n'a été mis sur rotative qu'à 5h du matin, ce lundi, alors que le collectif qui l'avait préparé avait achevé la part de travail qui lui incombait la veille à 20h ! Lorsque les raisons des retards étaient d'ordre strictement technique et tenaient essentiellement à l'insuffisante maîtrise du nouvel équipement mis en place par la Société d'impression du Centre, à Bab Ezzouar, le 1er novembre 2002, nous avons patiemment supporté les aléas et avons demandé à nos lecteurs de faire preuve de compréhension, convaincus que tout allait rentrer dans l'ordre dans des délais raisonnables. Mais quand, plus d'un mois après l'installation de la nouvelle rotative, les problèmes “techniques”, loin de s'atténuer, s'étendent à toutes les étapes de la fabrication – de la durée du flashage (2 heures), à celle du montage (1 à 2 heures), en passant par la mauvaise qualité du papier, cause de casses fréquentes –, il y a assurément une autre lecture à faire : celle d'un sabotage prémédité mené par le directeur général de l'entreprise d'impression pour le compte de commanditaires qui ordonnent ces retards quasi quotidiens. Sinon, comment expliquer la prise en charge par la SIA, à Bab Ezzouar, et en priorité, de titres jusque-là tirés par l'imprimerie d'El Moudjahid (Sempral), alors que ladite SIA ne parvenait pas à satisfaire son client du moment ? La ruée vers la rotative a contraint les journaux à remettre les films à 19h, sinon à 18h, alors que l'heure de bouclage minimale pour un quotidien est 20h. L'imposition du principe de “premier arrivé, premier servi” vise fatalement à vider la presse quotidienne de toute sa substance, voire de sa raison d'être en la décrédibilisant auprès de son lectorat. Une façon comme une autre de la neutraliser, qui complète les effets attendus de réinstauration du monopole ANEP sur la publicité publique et institutionnelle, sachant que le patron de ces entreprises est en même temps le président du Groupement presse et communication. Mais alors, pourquoi, aux lieu et place de ces pratiques insidieuses, n'a-t-on pas fait clairement part de cet objectif qui aurait eu pour effet de ne plus présenter aux visiteurs étrangers une hypothétique liberté de presse en guise de vitrine démocratique ? Quoi qu'il en soit, nous avons saisi, hier, officiellement le Chef du gouvernement et la ministre de la Communication de cet état de fait en leur qualité de représentants de l'Etat et, en attendant une suite à cette démarche, que nos lecteurs de la région centre veuillent bien, encore une fois, excuser les désagréments résultant de cette situation. A. O.