Résumé : En rentrant de son boulot, Wassila glisse sur une peau de banane et se fracture. Athmane la conduit à l'hôpital où elle est tout de suite prise en charge. On lui pose un plâtre, et le médecin lui prescrira un repos de trois semaines. Taos est choquée de voir sa fille dans cette état. Mais Athmane la rassure. Taos lève les bras au ciel : -Tu seras un ange, Athmane. Ma fille a eu de la chance... Si tu n'étais pas là au moment où elle avait glissé, je ne sais pas comment elle aurait fait. -Quelqu'un d'autre l'aurait conduite à l'hôpital...Nous ne vivons pas dans une jungle tout de même. Il prend congé et Taos arrange les oreillers de sa fille et tire une couverture sur elle, non sans avoir auparavant mis deux coussins sous sa jambe plâtrée : -On peut dire que tu as eu de la veine cette fois-ci... Fatiguée par sa journée et par ses émotions, Wassila hoche la tête sans pouvoir prononcer un mot. Elle ressentait encore une vive douleur tout au long de sa cuisse, et le plâtre lui sembla lourd et trop serré. Elle va avoir vraiment du mal à s'en accommoder. -Je vais te ramener un peu de lait pour t'aider à te relaxer en attendant le dîner... -Je n'ai pas faim maman... Je veux juste me reposer. Elle venait à peine de prononcer cette phrase que Khadidja entre en trombe dans la chambre : -Wassila ! Oh mon Dieu ! Athmane m'a dit que tu as eu un accident... -Oui... Elle désigne sa jambe de son menton : -Je me suis bien arrangée...Tu vois, Khadidja, il suffit de peu pour se retrouver clouée au lit. -C'est le mauvais œil. Il n'y a rien à redire là-dessus... Tu souffre de la tabaâ. Il faut vite demander une rokia... Wassila secoue la tête : -Ni rokia ni rien... Ce qui m'arrive est tout ce qu'il y a de plus quotidien... Je ne suis pas la seule à me fracturer la jambe... Cela pourrait arriver à n'importe qui... Khadidja lève les bras au ciel et prend Taos à témoin : -Non mais, écoute-la ! Je lui parle du mauvais œil et elle trouve qu'il est tout à fait normal qu'elle tombe et qu'elle se fracture. Taos hausse les épaules : -Je remercie Dieu qu'elle s'en soit bien sortie. Elle a évité peut-être le pire. -Certainement... C'est pour cela que je lui demande de prendre ses précautions à l'avenir. Elle prend une lente inspiration puis poursuit : -Ton célibat endurci, n'est pas non plus un simple fait du hasard, Wassila... Si tu cherches bien, tu découvriras qu'on t'a jeté un mauvais sort. Les gens sont tellement sournois de nos jours. Wassila, qui ressentait de plus en plus des tiraillements dans sa jambe et transpirait à grosses gouttes, lève une main suppliante : -Très gentil à toi de t'inquiéter pour moi Khadidja, mais nous reparlerons de tout ça une autre fois...J'ai trois semaines de congé et tu auras tout le loisir de me raconter tout ce que tu voudras plus tard. -Bien... alors je n'ai qu'à te souhaiter un prompt rétablissement. Heu... si tu as besoin de quelque chose, ou si je peux t'être utile, n'hésite pas à m'appeler... Les voisines seront curieuses d'apprendre comment tu t'es fracturée... Nous allons leur donner des réponses évasives pour leur boucler le bec. Wassila lève les yeux au ciel. Cette pie ne se tait donc jamais ? -Khadidja, je ne pense ni aux voisines ni aux commérages du quartier. Je veux me reposer, voilà tout. -Bien... alors je vais te laisser. Je repasserai demain matin pour prendre de tes nouvelles. Elle quitte les lieux, et Wassila pousse un soupir de soulagement : -Elle est si bavarde que je commençais à ressentir une migraine... Taos acquiesce : -Oui... mais Allah ghaleb... c'est bien plus fort qu'elle... Cette curiosité maladive est innée chez elle. -Mal lui en prendra. Demain matin, ne la laisse pas pénétrer dans ma chambre. Dis-lui que je fais la grasse matinée... Hein maman ? -Ne te tracasse pas autant. Je saurais la retenir. Maintenant tâche de fermer les yeux et de te reposer un peu. Deux jours plus tard, c'est Athmane qui s'amène avec des béquilles. Wassila lui en sera reconnaissante, car elle ne pouvait ni se lever ni se déplacer sans se faire aider. -Athmane, vous avez pensé à tout... J'allais justement demander à papa ou à mon frère de me procurer des béquilles. -Qu'à cela ne tienne... J'y avais pensé le premier jour, mais je n'ai pu les avoir que ce matin... Wassila qui était au lit, rejette sa couverture et tente de se lever. Athmane lui tendit une béquille : -Appuis-toi d'abord sur la première, et une fois debout, je te tendrai la deuxième. -Je pense qu'une seule suffira, répondit Wassila qui sautille sur sa jambe valide avant de s'accrocher à son lit pour garder l'équilibre. Mais avec l'autre jambe alourdie par le plâtre, elle ne put que retomber sur sa couche. -Je ne pourrais pas marcher, même avec ces béquilles... -Mais si... Tu le pourras, Wassila... Encore quelques tentatives et tout rentrera dans l'ordre... (À suivre) Y. H.