"On leur a expliqué la situation actuelle, les raisons de la naissance de la CNLTD, ses positions et ses dernières propositions", a expliqué Soufiane Djilali. Et si les changements en Algérie étaient imminents ? Au regard de l'opacité qui entoure le pouvoir en Algérie, alimentée par la récente hospitalisation du président Bouteflika en France, la montée au créneau de l'opposition et de la coalition présidentielle, nul doute que l'accélération des événements dans un proche avenir n'est pas à exclure. C'est probablement dans ce contexte qu'il convient de situer la rencontre de la délégation de l'UE conduite par le chef de la division Maghreb au service européen de l'action extérieure, Bernard Savage, avec des acteurs politiques, dont la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD). "Ils voulaient nous écouter sur la situation générale du pays et sur la Constitution. On leur a expliqué la situation actuelle, les raisons de la naissance de la CNLTD, ses positions et ses dernières propositions", a indiqué, hier, à Liberté, le leader de Jil Jadid, Soufiane Djilali. C'est parce que cette rencontre qui intervient dans un contexte politique particulier est de nature, comme souvent en pareilles circonstances, à prêter à diverses interprétations que les interlocuteurs de la délégation de l'UE ont tenu à réitérer une position principielle : "Aucune intervention étrangère de quelque nature qu'elle soit ne sera acceptée." Réponse du chef de la délégation de l'UE : "Nous sommes ici essentiellement pour écouter nos interlocuteurs politiques légitimes, qui prônent l'activité politique pacifique. Nous n'avons pas de parti pris, des solutions à donner, des alternatives ou des revendications à présenter." Il reste, selon notre interlocuteur, que les membres de la délégation ont trouvé "tout à fait légitime, comme cela se fait dans les pays démocratiques ou en voie de démocratisation, la revendication de la CNLTD concernant la nécessité de la mise en place d'une commission indépendante pour l'organisation des élections". De leur côté, les membres de la CNLTD ont fait observer, de façon diplomatique, à leurs interlocuteurs que le régime algérien jouit de soutiens en Occident. Une position qui contraste avec les recommandations de la Mission d'observation des élections législatives en 2012 qui avait établi un rapport resté sans suite. "On leur a fait remarquer qu'il y a une contradiction entre le rapport de la mission et le discours des politiques", a indiqué la même source. "On leur a fait remarquer que les recommandations contenues dans le rapport de la Mission sur les élections législatives n'ont pas été appliquées par le régime algérien." Autre reproche : le silence de l'UE sur la dernière élection présidentielle, alors que l'opposition avait dénoncé la fraude. La CNLTD qui s'est réjouie de cette rencontre, un "geste de reconnaissance de l'opposition" et qui s'est déroulée "dans un climat cordial", a rappelé à ses interlocuteurs que les intérêts mutuels doivent "être basés sur le respect de la légitimité populaire". À noter que la délégation de l'UE a rencontré, en outre, le FFS. Dans un communiqué rendu public, ce parti a indiqué avoir "exposé son initiative pour une conférence nationale du consensus". "Les échanges entre les deux parties ont été francs et cordiaux", a ajouté le texte, précisant que cette rencontre a eu lieu à la demande de la délégation de l'UE. Par ailleurs, plusieurs points ont été évoqués au cours de cette rencontre, selon le FFS : "Les accords transatlantiques Union européenne-USA et leur impact sur les pays tiers, notamment l'Algérie", "La politique de l'UE en direction de l'ensemble maghrébin au-delà des relations bilatérales avec chaque pays", "L'évaluation des relations Algérie-UE et des programmes en cours (programmes spring)" et enfin "Les nouvelles mesures migratoires prises par l'UE et l'impact sur nos compatriotes". K K