Résumé : Pour faire face aux dépenses qui l'attendaient, Wassila reprend son travail au salon de coiffure. Les pourboires des clientes lui permettront d'arrondir ses fins de mois. Au milieu de l'après-midi, elle tente d'arrêter un taxi. En vain. Découragée, elle fait demi-tour pour rentrer chez elle. A ce moment précis, elle reconnaît Athmane qui, de son véhicule, lui fait de grands signes. Elle traverse le passage pour piétons, et il descendit de son véhicule le sourire aux lèvres : -Je me disais que j'allais te trouver dans ces environs... -Heu... Oui... J'ai repris mon travail aujourd'hui même et je m'apprêtais à me rendre chez mon kiné pour ma première séance de rééducation. Mais aucun taxi ne voulait s'arrêter. -Tu parles... Dans ces quartiers, il faut les prendre soit à la station, soit par rendez-vous... Heu... Je pensais justement à toi... Khadidja m'avait dit que tu reprenais ton travail aujourd'hui... -C'est ça... Heu... Je travaille à mi-temps... -Ton kiné t'a-t-il fixé rendez-vous ? -Oui... En fin de journée.. Elle jette un coup d'œil à sa montre-bracelet : -La journée est bien avancée, je ne pense pas arriver à temps... Athmane ébauche un sourire : -Mais pardi, c'est pour cela que je me suis arrêté non loin du salon... Je voulais t'accompagner chez ton kiné... Wassila le regarde sans comprendre : -Tu voulais... -Oui... Je voulais t'accompagner chez ton kiné... Je savais que tu n'allais pas trouver de taxi dans le coin... Wassila demeure muette de stupeur un moment, avant de demander : -Comment savais-tu que j'allais me rendre à ma séance de rééducation ? Il hausse les épaules : -Juste par inspiration peut-être... Lorsqu'on est dans ton état, on s'empresse d'entamer la rééducation pour en finir au plus vite. Me suis-je trompé ? Elle secoue la tête : -Non... Mais je n'aimerais pas qu'on nous voie ensemble. -Pourquoi ? Que faisons-nous de mal ? -Rien... Mais tu connais notre société. En plus, tu es un homme marié et père de famille. -Donc rien de plus simple qu'un voisin qui dépose sa voisine chez son kinésithérapeute. -Qu'en dira Khadidja ? Il hausse encore les épaules : -Elle ne trouvera rien à dire... Elle connaît ta situation, et nous avons longuement discuté de l'éventualité de t'aider à récupérer rapidement. Wassila demeure perplexe. Athmane était aux petits soins avec elle. Certes, il était son voisin, et elle connaissait sa famille. Mais ce plein d'attention envers elle commençait à la déranger. Elle n'aimerait pas être la cause d'un quelconque désaccord avec Khadidja. Les tiraillements de sa jambe lui rappelèrent qu'elle n'avait plus beaucoup de temps devant elle pour se rendre chez le kiné. Elle relève la tête et fixe Athmane dans les yeux : -D'accord. Dépose-moi chez mon kiné... Mais je n'aimerais pas que cela devienne une habitude. Dès demain je m'arrangerais avec un taxieur pour mes déplacements. Il lui ouvre la portière et l'aide à s'installer. Le véhicule démarre, et en moins d'une vingtaine de minutes, Wassila se retrouve devant le cabinet du kiné. Athmane prend un journal et lui lance d'une petite voix : -Je ne bougerais pas d'ici jusqu'à ce que tu aies terminé ta séance, ensuite je te raccompagnerai à la maison. Trop pressée pour lui répondre, la jeune femme s'engouffre dans l'immeuble et sonne à une porte du rez-de-chaussée.La séance prend une heure environ, et lorsqu'elle quitte le cabinet, sa jambe la faisait tellement souffrir qu'elle avait du mal à se tenir debout. Elle serre sa canne dans sa main et se met à marcher à petits pas, en transpirant à grosses gouttes. Athmane sort du véhicule pour l'aider : -Attends... Attends, laisse-moi faire... Tout d'abord ne tente plus de t'appuyer sur ta canne cela demande un effort, et tu devrais conserver tes forces pour te concentrer sur ta jambe. Appuie-toi sur mon bras... Là..., c'est bien... Il passe un bras autour de sa taille et l'entraîne vers le véhicule. Wassila se laisse aller contre le siège et passe un mouchoir sur son visage en sueur. -Alors... Comment tu te sens ? -Pas trop bien... Je ne pensais pas que c'était aussi douloureux... -Les premières séances sont toujours pénibles, mais lorsque tes muscles se détendront, tu auras moins mal. Elle prend une longue inspiration avant de passer la main dans ses cheveux humides : -J'ai cru que je n'allais jamais tenir jusqu'à la fin de la séance... J'ai même été sujette à des vertiges. -Tu vas vite t'y habituer. Je vais te raccompagner chez toi et tu te reposeras... Il démarre, et Wassila se demandait si elle allait pouvoir faire face à une autre séance dans les prochaines quarante-huit heures. Sans Athmane, elle n'aurait jamais pu marcher jusqu'à la station de bus pour rentrer. (À suivre) Y. H.