Résumé : Wassila écoute attentivement Lyès, qui lui parle de lui et de ses intentions envers elle. Cela fait des mois qu'il faisait le guet devant le salon pour la voir... Un jour, il a été jusqu'à la suivre pour savoir où elle habitait... Il avait aussi parlé d'elle à sa sœur. Cette dernière ne voyait en elle qu'une employée de salon... Mais Lyès n'en a eu cure. Il hausse les épaules : -Le cœur a ses raisons... Tu me plais Wassila... Ton air franc et innocent, et tes yeux rêveurs m'ont rendu romantique... J'ai dépassé l'âge de jouer aux amourettes... Mais je t'assure que lorsque je t'ai vue pour la première fois, quelque chose a vibré en moi... Je rêvais de te rencontrer et de te connaître... Mes intentions sont des plus nobles, je t'assure. -Ta sœur ne semble pas être de cet avis. -Laissons ma sœur de côté... Ne crois-tu pas que je suis assez vieux pour prendre ma vie en main ? -Certes, mais moi je ne connais encore rien de toi... -Je suis prêt à répondre à toutes tes questions... Que veux-tu donc connaître ? -Tout... Enfin, l'essentiel... Que fais-tu dans la vie, pour commencer ? -Je travaille dans une entreprise étatique... Je suis comptable. -Et bien sûr tu as déjà de longues années de labeur derrière toi... -Oui... Une bonne vingtaine d'années... -Et que faisais-tu auparavant ? -Des études... J'ai entamé un processus universitaire, que je n'avais pas pu mener jusqu'au bout... Il pousse un soupir : -Je voulais devenir médecin... Hélas ! J'ai perdu mon père alors que j'étais en troisième année à la faculté... J'ai alors dû mettre fin à mes ambitions pour m'occuper de ma famille... Je suis l'aîné, donc le premier responsable vers lequel tout le monde se tournait dans de tels moments. Alors, la mort dans l'âme, je me suis mis à chercher du boulot. J'avais pu dénicher au début un poste dans un institut comme enseignant de mathématiques. Mais le salaire suffisait à peine à couvrir les besoins élémentaires de la famille... J'ai entrepris ensuite une formation en comptabilité. Je bossais la journée et étudiais le soir... Il m'avait fallu trois années pour décrocher un diplôme qui me permettait d'accéder à un poste de comptable principal, puis à un poste de cadre en comptabilité... C'était très dur, mais j'en tire une grande fierté, car grâce à moi, mes frères et sœurs ont pu mener jusqu'au bout leur scolarité, puis à se stabiliser. -Et toi, tu es encore à la recherche de ta moitié... Wassila avait débité cette phrase sans réfléchir, et le regrettait déjà, lorsque Lyès secoue la tête : -Je crois que je l'ai trouvée... Je ne regrette pas d'avoir attendu tout ce temps pour rencontrer une femme comme toi Wassila. -Oh ! Je suis une fille quelconque... Je n'ai rien de particulier, ni de meilleur que les autres femmes. Il sourit : -Si... Si, tu as beaucoup de choses qui te différencient des autres... Tu es douce, pudique... Tu es très charmante et très attirante... Elle lève la main pour l'interrompre : -Je n'aime pas qu'on se paye ma tête, Lyès... -Je n'en ai pas du tout envie Wassila... Il est vrai qu'il y a des femmes qui ne demandent qu'à se marier avec le premier venu, mais c'est toi qui me plaît... Heu... Au fait, je ne comprends pas pourquoi tu es encore célibataire... Elle baisse la tête avant de répondre : -Le mektoub peut-être... -Oui... C'est ce qu'on avance lorsqu'on a épuisé toutes les ressources... Non... Je ne crois pas que le mektoub soit le seul coupable dans ta situation. -Eh bien, je ne sais quoi te répondre. Jusqu'à ce jour, je n'ai pas encore trouvé chaussure à mon pied... Il y a eu des prétendants dans le passé, mais à chaque fois on trouvait un subterfuge pour les éloigner. Ma mère voulait que je termine tout d'abord mes études... Ensuite, c'était moi qui devenait exigeante... Je rêvais du grand amour et de romantisme... Elle pousse un soupir : -La réalité est tout autre... La vie ne fait pas de cadeau... Elle nous oriente et tente de nous transmettre des messages que nous n'arrivons pas à déchiffrer à temps... Alors les années passent et nous nous adaptons tant bien que mal à des situations qui s'imposent à nous. -Tu as choisi de faire des études en coiffure et soins esthétiques dans le but de lancer ta propre affaire, je présume. Elle secoue la tête : -Mais non... Je n'avais pas le choix... J'ai raté mon baccalauréat, et j'ai dû rejoindre un centre de formation... Au début, je voulais préparer un diplôme administratif mais ma famille s'y était opposée... Pour eux, la femme est destinée soit à l'enseignement, soit à des travaux féminins comme la couture ou la coiffure... -Tu aimes ton métier, Wassila... ? Elle hausse les épaules : -Bof ! A force de le pratiquer, cela devient routinier. Je tente de me perfectionner à chaque fois que cela m'est possible... La coiffure est un art, et qui dit art dit créativité... (À suivre) Y. H.