La fuite de documents diplomatiques marocains confidentiels, d'abord sur Facebook et Twitter ensuite, met le Makhzen dans tous ses états. Il faut croire que la masse de documents gênants révélés par un certain Chris Coleman a de quoi perturber les dirigeants marocains, d'autant plus qu'ils sont dans l'incapacité de découvrir sa véritable identité ni d'identifier sa source non plus. Et pourtant, le bonhomme a commencé ses révélations en octobre dernier, à raison d'une moyenne de 6 documents par jour, sans que nul ne parvienne à le débusquer. En effet, depuis le début du mois d'octobre, un compte portant le nom de Chris Coleman a publié sur Facebook puis Twitter des centaines de documents présentés comme officiels, certains même comme confidentiels. Celui qui affirme disposer de "plus de 6 Go de documents" a donné un aperçu de cela en publiant la base de données du personnel du ministère des Affaires étrangères. Ainsi, la liste de tous les fonctionnaires de ce ministère, diplomates, agents techniques et employés, etc., avec leurs noms, prénoms, date de naissance, état civil, nombre d'enfants, matricules, numéros de la carte d'identité nationale et date de recrutement, a été publiée. Aussi bizarre que cela puisse paraître, les autorités du royaume n'ont jamais démenti ou mis en doute des documents divulgués. Ces derniers concernent notamment des actions de lobbying supposées du Maroc sur le Sahara occidental, l'ancienne colonie espagnole qu'occupe Rabat depuis 1975. Solution de facilité, Rabat pointe du doigt, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, les services secrets algériens d'être derrière l'opération. Il n'en demeure pas moins que des médias locaux n'écartent pas l'idée que l'origine des fuites pourrait provenir du piratage informatique de messageries de hauts responsables ou de journalistes marocains. L'on évoque également, comme possible piste, le nom d'un journaliste espagnol d'El-Pais, qui a démissionné le 30 avril 2014. Pour rappel, il avait publié sur son blog "Orilla Sur" (rive sud), hébergé sur le site d'El Pais, une vidéo d'Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) qui menace pour la première fois le Maroc et critique le népotisme et la corruption du roi Mohammed VI, avant d'inviter les jeunes Marocains à émigrer vers Allah plutôt qu'en barque. Interrogé, jeudi, sur ces fuites, le porte-parole du gouvernement, Mustapha Khalfi, a fustigé "une campagne enragée" contre le royaume. "Le Maroc n'aura de cesse de présenter les preuves attestant que le voisin de l'Est (l'Algérie, ndlr) nourrit le conflit autour du Sahara occidental", a-t-il ajouté, devant une commission des affaires étrangères au Parlement, selon la même source. M T