Les députés ukrainiens, réunis en séance extraordinaire au parlement, ont jugé samedi dernier que les élections présidentielles de la semaine dernière étaient invalides, en raison des fraudes. Afin de tenter de trouver une issue à la crise politique qui sévit en Ukraine depuis plus d'une semaine, le parlement s'est prononcé à une large majorité pour “l'invalidation du scrutin du 21 novembre (2e tour de la présidentielle) marqué par des violations et ne reflétant pas la volonté du peuple”, et a demandé “l'arrêt avant terme du mandat des membres de la commission électorale centrale”. La décision des députés n'est pas contraignante et n'a pas force de loi, mais elle est considérée tout de même comme une première victoire pour l'opposition à quelques heures d'un examen décisif du scrutin par la cour suprême qui aura lieu aujourd'hui. “La Cour suprême n'osera pas valider les résultats des élections présidentielles après ce vote du Parlement”, a déclaré le chef du parti socialiste (opposition) Olexandre Moroz. Le député d'opposition Petro Porochenko a estimé que le vote de l'assemblée était favorable à une révision du scrutin. Par ailleurs, certains analystes craignent que la résolution du parlement n'arrange pas les choses. La crise ukrainienne a, d'autre part, relancé les tensions entre la Russie et l'Occident ; Washington, Londres, Ottawa et l'union européenne ont rejeté l'élection du candidat pro-russe Viktor Ianoukovitch et estiment que l'organisation d'un nouveau scrutin d'ici la fin de l'année est la meilleure solution pour régler la crise. De ce fait, le pouvoir ukrainien est soumis à une forte pression internationale, face au Kremlin isolé dans son soutien au vainqueur. En attendant la décision de la cour suprême, des dizaines de milliers de sympathisants du leader de l'opposition Viktor Iouchtchenko poursuivaient leur mobilisation à Kiev et revendiquent l'organisation d'un nouveau second tour le 12 décembre. Le vainqueur contesté de la présidentielle, Viktor Ianoukovitch, était hier près de Louhansk (est du pays) pour participer à un congrès des régions russophones de l'Est et du Sud afin de suggérer la possibilité de créer un territoire autonome dans le cas où l'opposition arrivait au pouvoir. Enfin, le président sortant Léonid Koutchma, a estimé hier lors d'une réunion extraordinaire du conseil de sécurité national qu'un compromis “est nécessaire” pour sortir de la crise politique et “éviter des conséquences imprévisibles”. “Un compromis est absolument nécessaire pour l'Ukraine”, a relevé M. Koutchma devant les caméras de la télévision ukrainienne, car il faut “éviter des conséquences imprévisibles”. N. A.