L'Organisation nationale des moudjahidine (ONM) devrait tenir son dixième (10e) congrès à partir de mercredi au Palais des nations de Club-des-Pins, à Alger, sous la présidence de M. Cherif Dâas, son secrétaire général intérimaire. Ces assises sont d'une importance majeure pour l'ONM, objet d'enjeu non moins important et de convoitise aiguisée. Depuis 1996, date du dernier congrès, cet organisme satellitaire du pouvoir vit dans le provisoire : Saïd Abadou avait légué son poste de secrétaire général, en juin 1997, à Mohamed-Cherif Abbas, après avoir été élu député sur les listes RND de Biskra puis — quelques jours plus tard — ministre des Moudjahidine dans le deuxième gouvernement Ouyahia ; de son côté, Mohamed-Cherif Abbas, un des membres fondateurs du… RND, avait passé le relais, en décembre 1999, à Cherif Dâas, quand Ahmed l'a appelé pour remplacer Saïd Abadou au département des anciens combattants. L'ONM est donc restée entre les mains d'un même parti politique. Des commandants de wilayas historiques n'ont pas manqué de le dénoncer publiquement. Selon notre confrère La Tribune, quatre anciens responsables de l'ALN de Constantine ont animé, jeudi dernier, une conférence de presse, dans le siège local du FLN, pour relever la mainmise du RND sur l'organisation. Ils ont promis de perturber la tenue de ce dixième congrès, étalé sur trois jours. Cela résume l'état d'effervescence dans lequel se trouve l'ONM, accusée notamment d'avoir gonflé les rangs des “faux moudjahidine”, un dossier révélé par un ancien magistrat, le courageux Benyoucef Mellouk. Son document, publié dans la presse au début des années 1993 sous le nom de “Magistrats faussaires” avait défrayé la chronique et valu à son auteur la marginalisation et le mépris. Presque dix années plus tard, Mellouk est réhabilité de fort belle manière par le ministre des Moudjahidine lui-même. La veille de la célébration du 50e anniversaire du déclenchement de la Révolution, Mohamed-Cherif Abbas a fini par livrer le nombre de ces “faux moudjahidine”, estimé, selon lui, à plus de 10 000. Pour la première fois de son histoire, l'Etat algérien reconnaît ainsi l'existence de ces combattants au titre usurpé, reconnus pourtant par ses propres services sans que cette organisation censée défendre (moralement) les martyrs et la Révolution, (matériellement et moralement) les vrais moudjahidine n'aient jamais levé le doigt. Mais comment le pourrait-elle ?! En tout cas, ce dixième congrès se déroulera dans cette ambiance de fausseté généralisée qui prévaut dans le pays depuis 1962. L. B.