Liberté : Votre commentaire sur le verdict prononcé à l'encontre des touristes-pilleurs… Hocine Ambès : En fait, il y a un grand juriste qui n'est pas de chez nous qui a dit que les décisions de justice ne sont pas faites pour être discutées ou commentées, mais plutôt pour être appliquées. Bien évidemment, la justice algérienne comme le reste des justices à travers le monde entier est dotée de ce que l'on appelle les voies et moyens de recours. Maintenant, c'est à toutes les parties de voir quels sont les points qui peuvent faire l'objet d'appel ou de recours et d'agir par voie de conséquence. En ce qui nous concerne, nous sommes en train d'étudier le verdict et nous déciderons incessamment des suites que nous comptons réserver à cette affaire. Ceci dit, nous n'avons pas à nous plaindre, mais nous nous réservons tous les droits quant aux suites à donner à l'affaire. Ne trouvez-vous pas que le verdict est un peu sévère ? Je crois que je ne peux pas me mettre à la place des accusés, puisque je suis la victime. Croyez-vous qu'un tel verdict est de nature à dissuader les éventuels pilleurs ? C'est ce que nous souhaitons. La défense a contesté le fait qu'en votre qualité de partie plaignante, vous êtes aussi écouté en tant qu'expert. Qu'en pensez-vous ? Je ne crois pas avoir été entendu en dehors du cadre fixé publiquement par monsieur le président du tribunal de Djanet avec (vous avez assisté au procès) l'accord de monsieur le procureur de la République près le tribunal de Djanet et l'avocat des accusés. Maintenant en ce qui concerne mon intervention en tant que victime, elle ne pouvait faire l'économie d'une explication spécialisée en matière de gestion patrimoniale. C'est ma vocation en tant qu'institution de la République, et c'est mon droit garanti par la loi en tant que victime. Accordez-vous du crédit à la thèse du ramassage aléatoire des objets archéologiques par les touristes ? Je crois que ça ne sert à rien de refaire le procès, et nous avons eu l'occasion, ainsi que toutes les parties, de nous défendre et démontrer la véracité de nos thèses. Quant à la thèse du ramassage aléatoire, je crois qu'elle ne tient pas en face d'une expertise sérieuse du matériel que le tribunal nous a présenté. Selon vous, n'y a-t-il pas lieu de renforcer les mesures et moyens de protection du parc du Tassili pour éviter le pillage ? Je crois que nous avons eu l'occasion de dire, lors de notre conférence de presse tenue à Alger, mercredi 25 novembre, en présence de madame la ministre de la Culture, que si nous faisons l'objet de prédation, d'agression et de pillage, c'est parce que, quelque part, nous ne sommes pas aussi forts et protégés que nous le souhaitons. Et l'exemple du parc roulant de l'OPNT est à ce titre édifiant. Nous avons 3 véhicules pour surveiller et contrôler un territoire dont la superficie dépasse celle de beaucoup de pays qui sont membres à part entière de l'Assemblée générale des Nations unies. Le reste est sans commentaire. Un statut caduc, des fonctionnaires sous-payés, des moyens humains insuffisants, etc. A. C.